Algues vertes. Coup de gueule d'une maire face à l'inaction de l'état : "On protège les oiseaux et pas la population"

La maire d'Hillion vient de fermer sa plage pour la troisième fois en moins d'un mois. Le seuil d’hydrogène sulfuré, émanant des algues vertes en putréfaction, est dépassé sur la plage de Saint-Guimond. L'élue est excédée et elle a décidé de le faire savoir en poussant son coup de gueule : "Ces odeurs sont insoutenables, personne n'accepterait d'avoir cela dans sa commune."

"Si on était dans le Sud ou en Corse, on ne serait pas dans cette situation-là. On aurait trouvé depuis longtemps des solutions pour nettoyer la plage durablement, pour faire en sorte d’avoir moins d’algues et éviter cette accumulation sur les rochers." Annie Guennou, la maire d'Hillion dans les Côtes d'Armor, en a marre. En moins d'un mois, une plage de sa commune se retrouve fermée pour la troisième fois car le seuil d'hydrogène sulfuré, émanant des algues vertes en putréfaction, est dépassé. "Il est temps d’agir."

"L'année prochaine, ça va recommencer"

Devant la plage de Saint-Guimond, à Hillion, la mairie a installé des barrières pour en bloquer l'accès et des panneaux "Danger Algues vertes". Comme la semaine dernière, l'année dernière et toutes les années précédentes.

"Rien ne bouge, se désespère l'édile. C'estmon profond ras-le-bol. On nous promet plein de choses mais on arrive au 14 juillet. Dans un mois et demi l'été sera terminé et on sera toujours dans la même situation. Au mois de mai et juin de l'année prochaine, on va recommencer : Entreprendre des réunions pour rien, c'est usant."

Pour la maire et les habitants, cela ne va pas assez vite, pas assez fort. Dans le viseur de l'élue, la réserve naturelle qui freine les travaux de dépollution. "C'est difficile pour faire des relevés. C’est bien de protéger les espèces et l’environnement mais notre rôle c’est aussi de protéger la population. Il faut apprendre à cohabiter."

"On est seuls et impuissants"

"Je ne peux plus aller à la plage avec les enfants. Peu importe l'époque." Yolaine Hébert est assistante maternelle dans le quartier au-dessus de la plage. Depuis quelques années, elle n'y va plus avec les petits qu'elle garde. Trop dangereux. "On est de plus en plus seuls. La maire a raison de tirer la sonnette d’alarme. On est impuissants."

Si elle souhaite que les autorités agissent, elle appelle aussi tout le monde à ses responsabilités. "Tout fini à la mer. Il y a certes l’agriculture mais pas seulement, on est tous responsables. Tous les produits chimiques finissent à la mer."

Un gîte à Perros-Guirec à chaque alerte

Un peu plus loin, une autre habitante qui souhaite rester anonyme a décidé de vendre sa maison. Les raisons sont multiples mais les algues vertes pèsent lourdement dans la balance. Elle nous accueille dans son jardin avec son détecteur d'hydrogène sulfuré. "Biiiip !" Ce dernier se manifeste continuellement.

"Je ressens une gêne respiratoire, des picotements oculaires et des picotements au niveau des muqueuses." La riveraine a envoyé plusieurs courriers à la préfecture. "On est alertés par la préfecture et sur le site Air Breizh, très bien mais en attendant ? Les résidents font quoi quand le seuil d'alerte est dépassé ? Je vais proposer à la préfecture de nous offrir le gîte à Perros Guirec chaque été."

"Odeur pestilentielle"

"C’est une odeur pestilentielle, commente la maire. Aucune autre agglomération n'accepterait une telle odeur dans ses rues. On aimerait un peu plus de solidarité. Que certains élus comprennent les difficultés qui sont les nôtres et qu'ils favorisent les mesures pour éviter tous ces échouages avec des prélèvements en amont. Il faut un travail vraiment de fond pour éviter tous ces échouages."

La maire envisage de démissionner si son message d'alerte ne passe pas. C'est son ultime recours pour tenter de protéger sa population.

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