La prolifération d'algues vertes, susceptible d'impacter la santé des humains et animaux, est suivie de près par les services de l'Etat. À l'échelle des Côtes-d'Armor, le phénomène n'était pas plus important en 2023 que les années précédentes. Mais la baie de Saint-Brieuc a été particulièrement touchée.
La Préfecture des Côtes-d'Armor vient d'établir le bilan de l'année 2023 concernant la prolifération des algues vertes dans le département.
Une année décrite comme "atypique" en raison d'un "démarrage tardif des échouages, à l'exception de la baie de Saint-Brieuc qui concentre en mai 90% des surfaces d'algues vertes échouées" précise la Préfecture.
Un cas de figure qui s'explique par la présence "d'un stock élevé d'algues vertes fin 2023 en fond de baie de Saint-Brieuc, que les conditions météorologiques agitées de l'hiver n'ont toutefois pas permis de disperser".
Algues vertes : une prolifération atypique dans la baie de Saint-Brieuc en 2023 (francetvinfo.fr)
Des niveaux d'échouages dans la moyenne
Si la situation dans la baie de Saint-Brieuc sort du lot, le niveau moyen d'échouages d'algues vertes dans le département n'est pas plus alarmant que les années précédentes.
Les surfaces d'échouages se situent dans la moyenne pluriannuelle selon le suivi établi par le Centre d'études et de valorisation des algues (CEVA), qui survole régulièrement les sites étudiés pour mesurer l'ampleur du phénomène.
Les derniers relevés indiquent même que la surface couverte par les algues vertes pour le mois de mai est inférieure de 40% au niveau moyen des années 2002-2023.
Avec un peu plus de 15 000 tonnes d'algues vertes ramassées dans les Côtes-d'Armor, "l'année 2023 se situe dans la fourchette basse observée ces dernières années" assure la Préfecture.
Multiplication des capteurs d'émanations d'algues vertes
La dangerosité des algues vertes est une problématique étudiée par l'Agence régionale de Santé : en 2022, de nouveaux capteurs H2S avaient été installés dans 11 baies des Côtes-d'Armor et du Finistère touchées par le phénomène.
Ces instruments permettent de mesurer chaque quart d'heure le taux d'hydrogène sulfuré, gaz très toxique libéré par ces plantes aquatiques.
Sur indication du Haut conseil de la santé publique, si les valeurs dépassent le seuil de 1ppm dans l'air, un protocole précis est déclenché :
- une information aux collectivités territoriales et aux populations
- un ramassage des algues plus important sur les littoraux et les plages
- un renforcement des interdictions d'accès aux sites.
En 2023, la campagne de surveillance sanitaire a été marquée par six dépassements du seuil d'alerte, sur la commune d'Hillion.
Pour cette année 2024, le dispositif de surveillance dans les Côtes-d'Armor comprendra neuf capteurs répartis sur les trois "baies algues vertes" du département. Un nouvel engin installé le long du GR34 à Hillion viendra compléter l'arsenal déployé, au plus tard le 1er juin.
Des décès et un plan de lutte en Bretagne
Présentes en mer à l’état naturel, les algues vertes ont commencé à se multiplier il y a plus de 40 ans sur certaines plages bretonnes, où elles sont nourries par des apports de nitrates épandus par les agriculteurs dans les champs et dont les excédents sont acheminés par les fleuves côtiers.
Un plan de lutte contre leur prolifération est déployé depuis 2010 en Bretagne.
La toxicité des algues vertes en décomposition est mise en cause depuis de nombreuses années par les associations environnementales. Ces végétaux seraient à l'origine du décès de plusieurs personnes et animaux dans la région.
En 2009, Thierry Morfoisse s'était effondré après avoir respiré durant des heures l'hydrogène sulfuré dégagé par les algues vertes en décomposition qu'il transportait.
La même année, un cheval était décédé et son cavalier avait été intoxiqué par les émanations de ces plantes aquatiques. La justice avait considéré l'Etat responsable dans cette affaire.