Les algues vertes suspectées d'être la cause de plusieurs décès ces dernières années en Bretagne

Un jeune ostréiculteur de 18 ans est mort samedi 6 juillet en baie de Morlaix et ce cas en rappelle quelques autres dans la région. La toxicité des algues vertes en décomposition est mise en cause depuis longtemps par les associations environnementales. 


1989 : un joggeur décède sur la plage de Saint-Michel en grève

Durant l'été 1989, un jeune homme de 27 ans qui faisait son jogging sur la plage de Saint-Michel-en-Grève, est retrouvé mort sur un tas d'algues vertes. C'est le premier cas suspecté d'une mort provoquée par une intoxication au sulfure d'hydrogène, le H2S, gaz émis par les algues en décomposition, mais à l'époque aucune recherche ne sera réalisée. 
 

1999 : un ramasseur d'algues dans le coma

En mai 1999, dix ans plus tard, le conducteur d'un tractopelle, Maurice Brifault, est en plein ramassage d'algues sur la plage de Saint-Michel-en-Grève, lorsqu'il perd connaissance. Deux infirmières qui courent sur la plage lui portent secours. Hospitalisé, il passera cinq jours dans le coma. Les médecins dans leur compte rendu indiqueront que : "La question d’une intoxication par les émanations d’algues vertes reste posée, bien qu’il n’ait jamais été décrit de crises convulsives ni de troubles de conscience liées à l’inhalation de telles émanations"
 
 

2008 : deux chiens meurent sur la plage d'Hillion

Le 12 juillet 2008, ce sont deux chiens qui sont retrouvés morts à Hillion. Les animaux couraient sur la plage recouverte d'algues vertes. Les autopsies concluent à une mort par inhalation de gaz toxiques
 

2009 : décès de Thierry Morfoisse, transporteur d'algues

Le 22 juillet 2009, Thierry Morfoisse, chauffeur de 48 ans, s'effondrait alors qu'il collectait des algues vertes à Binic. Il avait respiré pendant des heures l'hydrogène sulfuré dégagé par ces algues en décomposition. Sa famille et des associations se sont battues pour faire reconnaître le lien entre la mort et l'inhalation d'hydrogène sulfuré dégagé par les algues vertes.
 


Une affaire aux multiples rebondissements. Les première décisions du pôle santé, en 2012, puis en 2014, n'établissaient en effet aucun lien certain entre l'inhalation du gaz et la mort du chauffeur. De même, une ordonnance de non-lieu est prononcée en juin 2016 au niveau pénal, confirmée en appel au mois d'octobre 2017. Mais le 14 juin 2018, le tribunal des Affaires de sécurité sociale de Saint-Brieuc reconnaît le décès comme accident du travail, "C'est la première fois, qu'un lien est fait entre le décès et l'exposition à des algues vertes" déclare alors Maître François Lafforgue, l'avocat de la famille et des associations.
 
 

2009 : mort d'un cheval, son cavalier intoxiqué

Le 28 juillet 2009, le cavalier Vincent Petit avait été extirpé in extremis de son bourbier d'algues vertes, où il était enfoncé jusqu'à la taille, sur la plage de Saint-Michel-en-Grève. Son cheval, qu'il conduisait par la bride, avait eu moins de chance. Envasé jusqu'à l'encolure, il est mort en moins d'une minute. Le cavalier avait perdu connaissance. Secouru par deux ramasseurs d'algues présents sur les lieux, à l'aide du godet du tractopelle utilisé pour le ramassage. Le cavalier est alors éloigné de la vasière puis conduit à l'hôpital. 
  En juin 2012, le tribunal administratif de Rennes avait jugé qu'il n'existait pas de lien direct entre le décès du cheval et les algues. Mais deux ans plus tard, en juillet 2014, la justice considère l'Etat responsable. C'est un arrêt du tribunal administratif de Nantes. "C'est la première fois que l'Etat est condamné du fait des algues vertes dans leurs conséquences sanitaires", s'était réjouit Me Corinne Lepage, l'avocate de Vincent Petit, qui avait obtenu 2.200 euros d'indemnités.

 

2011 : mort de 36 sangliers dans l'estuaire du Gouessant à Morieux

Durant l'été 2011, 36 sangliers vont trouver la mort dans l'estuaire du Gouessant. Des analyses toxicologiques seront effectuées et leurs résultats ne laisseront que peu de doute sur la responsabilité des algues vertes dans cette hécatombe.
 
Dans une lettre six scientifiques dénonçaient la responsabilité des algues. Claude Lesné, médecin spécialiste des polluants aériens, qui n'avait cesser d'alerter sur les dangers représentés par le H2S produit par les algues en décomposition, ainsi que par le vétérinaire Gaël Virlouvet, le biologiste Jean-Paul Guyomard, Françoise Riou, médecin de santé publique, le toxicologue Jean-François Narbonne et le toxicochimiste André Picot, écrivait ainsi : "Au vu des données fragmentaires fournies par la préfecture des Côtes-d'Armor, l'hécatombe de sangliers sur les vases gorgées de sulfure d'hydrogène (H2S) semble bien due à une intoxication aigüe par le sulfure d'hydrogène". L'Etat reconnaitra d'ailleurs que : "En l’état actuel des données, les seuls résultats significatifs portent sur le H2S."
 
 

2016 : un joggeur trouve la mort à l'embouchure du Gouessant


Sportif et habitué des lieux, un joggeur de 50 ans, envasé jusqu'à la taille, est retrouvé mort le 8 septembre 2016 à l'embouchure du Gouessant, à Hillion, près de Saint-Brieuc. L'alerte a été donnée par son chien qui a rejoint, seul, le domicile familial de son maître. L'homme est mort dans un secteur où s'accumulent des sédiments anciens d'algues vertes.
 

Le procureur avait dans un premier temps reconnu une possible intoxication aigüe au sulfure d'hydrogène (H2S). Huit médecins, dont plusieurs spécialistes en toxicologie, avaient alors demandé aux autorités publiques de communiquer notamment "le compte-rendu de l'autopsie et des examens histologiques" ainsi que les dosages  d'H2S dans les tissus de la victime. Ceci afin d'"assurer la transparence de l'information sur la cause de ce décès".  Mais au mois d'avril 2017, l'affaire était classée sans suite, faute de lien avéré entre les algues et le décès. Début juin 2019, la famille a demandé une réparation financière du préjudice subi auprès de la commune, de l'agglomération et de l'Etat.


2019 : un jeune ostréiculteur meurt en baie de Morlaix


Samedi 6 juillet, c'est une jeune homme de 18 ans, un jeune ostréiculteur, qui décède brutalement en baie de Morlaix. Là où des associations environnementales ont constaté "une poussée anormale" d'algues vertes. Le corps sera autopsié afin de connaître la cause du décès, a indiqué le Parquet de Brest.
 

 
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