Des échouages précoces d'algues vertes, dont la décomposition provoque des gaz toxiques, ont été constatés en baie de Saint-Brieuc au printemps après une année 2018 plutôt favorable en Bretagne, ont annoncé ce lundi la préfecture et la région.
En baie de Saint-Brieuc, qui représente la moitié de la surface d'échouage de la région, les algues vertes ont connu un démarrage "plutôt précoce" avec de "grosses quantités" repérées en avril, a décrit Sylvain Ballu, chercheur au Centre d'études et de valorisation des algues (CEVA).
"On est un peu inquiets", a-t-il reconnu au cours d'une conférence de presse à la préfecture de Bretagne. Cela est dû en grande partie aux conditions hivernales qui ont été peu propices à la dispersion des algues de l'année précédente. Les autres baies ne sont quasiment pas touchées par le phénomène pour le moment, a-t-il cependant souligné.
"L'année 2018 a été bonne", a pour sa part pointé Thierry Burlot, vice-président de la région Bretagne à l'Environnement. Les surfaces touchées par des échouages d'algues vertes ont ainsi été inférieures de 30% à la moyenne 2002-2017 sur l'ensemble de la saison.
Ces bons résultats s'expliquent notamment par un hiver 2017-2018 "tempétueux" favorable à la dispersion des algues, ce qui a permis un démarrage exceptionnellement tardif de leur prolifération. Les algues vertes pullulent en raison des rejets azotés liés à l'élevage industriel et à l'épandage d'engrais. Dans les régions comme la Bretagne où les élevages sont très concentrés, les effluents d'élevage dépassent les capacités d'absorption des sols. L'azote en excédent se transforme en nitrate, ammoniac ou protoxyde d'azote,
et migre dans l'eau.
"La seule action pertinente pour nous, c'est de réduire la quantité de nutriments qui sortent des baies" en favorisant des pratiques agricoles "vertueuses" et moins intensives, a estimé M. Burlot. Il a souligné que la tendance actuelle était déjà à une "baisse généralisée" des taux de nitrates. "On est passé de 45 mg/litre en 2010 à 30 mg/litre aujourd'hui", a ajouté l'élu, en reconnaissant toutefois une "légère reprise l'année dernière". Un taux de nitrate inférieur à 10 mg/litre est nécessaire pour empêcher la prolifération des "marées vertes", selon des modélisations scientifiques. "Les algues vertes sont naturelles dans nos écosystèmes. Ce qu'on essaie d'éradiquer, ce sont les marées vertes", a rappelé M. Ballu.
Initié en 2009, le plan de lutte contre les algues vertes est doté d'environ 12 millions d'euros par an pour des actions curatives et préventives. "La lutte contre les nitrates ne doit plus être vécue comme une contrainte mais intégrée dans l'économique des exploitations agricoles", a pointé Michèle Kirry, préfète de la région Bretagne.