La nomination d’un nouveau premier ministre et bientôt d’un futur gouvernement après plusieurs semaines d’incertitude va peut-être permettre de débloquer certaines situations qui pénalisent des entreprises. C’est le cas de la société costarmoricaine Claripharm, spécialisée depuis 2011, dans des produits liés au confort intime des femmes. Récompensée depuis plusieurs années par de nombreux prix, l’entreprise a été placée en redressement judiciaire, faute d’un décret, attendu depuis décembre dernier.
Cette culotte menstruelle ou cette cup devraient être bientôt remboursées pour les jeunes femmes de moins de 26 ans et toutes les femmes en situation de précarité. Une décision prise par les parlementaires qui figure à l’article 40 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2024, mais qui nécessite un décret pour être appliquée. Or, 9 mois après sa promulgation, ce n’est toujours pas le cas. Dans cette officine de Planguenoual (22), il n'est pas question de devancer les textes officiels avant de proposer ces articles aux consommatrices : "Tous les produits ne seront pas remboursés, il y aura une liste validée par l'Etat, les taux de remboursement etc, donc on attend cette liste pour pouvoir faire nos stocks et passer commande", explique Laurent Touiller, pharmacien adjoint.
Et cette attente pénalise les fabricants, comme cette entreprise costarmoricaine spécialisée notamment dans ces protections périodiques menstruelles réutilisables. Les clientes qui pourraient en bénéficier gratuitement sont pour l’instant privées de cet avantage.
Des clientes privées de remboursement
A Saint-Alban (22), Clarisse Le Court, la fondatrice de Claripharm, ronge son frein : "Ces femmes vont en pharmacie et sollicitent un remboursement. Les pharmaciens leur disent que non, le décret n'est pas passé, et donc elles repartent sans les produits. Elles vont revenir quand le décret sera appliqué. Et la conséquence, c'est une conséquence directe sur toute la ligne de ce marché, aussi bien les pharmaciens que les fabricants comme Claripharm qui ont investi énormément pour des tests de validation pour répondre au cahier des charges de la sécurité sociale".
Pour supporter ce manque à gagner, l’entreprise a été placée en redressement judiciaire : "On a décidé de mettre l'entreprise dans une procédure de protection le temps que les politiques se bougent et agissent enfin pour que le marché reparte. C'est un marché énorme", conclut-elle.
Un marché d’importance, en effet. 6 700 000 femmes pourraient en profiter, dès la publication de ce fameux décret.
Avec Nathalie Rossignol