Ce petit camion jaune répondant au doux prénom de "Poupette" sillonne la campagne bretonne pour livrer des produits au domicile de ses clients, mais aussi un peu de chaleur humaine.
Embarquer avec Marc Busson, l'épicier qui traverse la campagne bretonne depuis 12 ans, est une aventure en soi. Mais quand en plus, c'est au volant de "Poupette", cela prend encore une autre dimension. "Poupette", c'est une épicerie ambulante qui livre à domicile. Première étape : Saint-Hernin, dans le Finistère, à la rencontre de Suzanne, 92 ans, qui a du mal à marcher. Elle l'attend sur son canapé, avec sa liste de courses : "Qu'est-ce que tu as comme fruits ? Tu as des bananes, des poires ?", demande-t-elle ? "Oui, comme d'habitude", lui répond Marc.
L'épicier connaît bien sa cliente. Il lui propose même des plats préparés. "Est-ce que tu veux du museau vinaigrette ?" et Suzanne fait la gourmande : "La semaine dernière, j'ai pris du couscous, il était extra", s'écrit-elle. Marc passe une fois par semaine. C'est aussi une compagnie. "C'est agréable parce qu'autrement, moi je n'ai pas beaucoup de visites", avoue Suzanne.
Une solution quand on a arrêté de conduire
Mais Marc ne peut pas rester trop longtemps, d'autres clients l'attendent. C'est reparti pour une tournée qui va durer toute la journée. Yvette l'attend elle aussi. Ce système ambulant l'arrange, car elle a arrêté de conduire. À 87 ans, Yvette est une cliente fidèle. Une fois par semaine, elle fait le plein chez "Poupette".
Quelques kilomètres plus loin, à Spézet, Monique non plus n'a pas de voiture. Pas d'autres choix que de tout acheter au camion. C'est plus cher qu'au supermarché alors, elle compte un peu plus. "Tout augmente. On fait très attention, surtout quand on est toute seule avec une petite retraite". Et elle n'est pas la seule à avoir changé ses habitudes, comme en témoigne Marc Busson : "Les clients prennent le nécessaire. Le petit plus qu'ils prenaient avant, c'est vraiment occasionnel".
De petites retraites
Marc dessert 30 villages du centre Bretagne, autour de Carhaix. Le carburant lui coûte plus cher qu'avant. Son budget gasoil atteint maintenant 15.000 euros par an, mais pour autant, pas question de le répercuter sur ses clients. "Globalement, ils ont des petites retraites, donc ils font très attention".
Ce qui le fait tenir, ce sont les liens qu'il entretient avec eux. "Là, on a perdu une cliente, ça met un coup quoi. On s'attache, on reste avec eux 30 à 45 minutes, ça fait partie de la vie de "Poupette".
Christiane fait ses courses assise
Il y a encore un habitué, comme Jean-Pierre, qui depuis que sa femme n'est plus là, doit se débrouiller pour faire les courses. Agriculteur à la retraite, il vit seul. Alors quand Marc passe avec son camion, c'est l'occasion de partager un p'tit verre. "Ça fait quinze ans que je vis seul. C'est très dur", raconte Jean-Pierre. À peine l'apéro terminé, il faut repartir, car parmi les clients, il y en a une nouvelle : Christiane. "Avant, j'allais en courses, je faisais pas attention à Poupette, mais maintenant, c'est fini. Heureusement que Marc est là". Depuis qu'elle a mal au dos, Christiane fait ses courses assise, dans son fauteuil. Avec elle, l'épicier ambulant passe toujours un bon moment. Et il la bichonne jusqu'au bout en la raccompagnant jusque dans son salon.
Avec Valérie Heurtel