La justice valide la sanction infligée à un entraîneur d'athlétisme de Merdrignac, accusé de "harcèlement sexuel". Une jeune femme estimait avoir subi durant 9 ans des faits de harcèlement.
Le tribunal administratif de Paris a confirmé la radiation dont avait fait l'objet un entraîneur bénévole de l'Athlétisme Sud 22 Merdrignac, dans les Côtes d'Armor, suite au "harcèlement" et aux "agissements déplacés" qu'il avait fait vivre à une jeune athlète.
Une jeune femme - entraînée depuis l'âge de 11 ans par cet entraîneur du club - avait en fait écrit à la Fédération française d'athlétisme (FFA) le 1er avril 2020 pour signaler ces faits qu'elle estimait avoir subis pendant neuf ans, et cela "à compter de sa majorité".
Les instances disciplinaires de la FFA avaient dans un premier temps, le 13 octobre 2020, radié l'entraîneur costarmoricain et lui avaient interdit de prendre toute licence ou toute fonction dans un club pendant dix ans.
L'intéressé avait alors fait appel, mais la peine avait été alourdie : le 22 janvier 2021, outre sa radiation et une interdiction de prendre toute licence pendant dix ans, s'étaient rajoutées une interdiction de toute fonction dans un club d'athlétisme et une interdiction de participer à toute manifestation sportive organisée par la FFA pendant quinze ans. La sanction avait même été assortie de la publication nominative de la décision au bulletin officiel de la Fédération Française d’Athlétisme.
2.346 mails envoyés à la jeune fille en neuf ans
L'entraîneur avait par conséquent saisi le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), qui avait rendu une proposition de conciliation le 20 mai 2021, mais avec laquelle il était finalement en désaccord.
Le 17 juin 2021, il avait donc saisi le tribunal administratif de Paris - là où siège la Fédération Française d’Athlétisme - afin de faire annuler cette décision "entachée d'un défaut de motivation" et d'un "défaut d'examen de son dossier".
Toutefois, les instances disciplinaires de la FFA se sont basées non seulement sur son témoignage et celui de la jeune femme, mais aussi sur les nombreux messages et courriers électroniques qu'il lui avait envoyés et dont celui-ci ne conteste pas l'authenticité.
Il lui a effectivement adressé 2.346 courriers électroniques, des lettres manuscrites et des messages téléphoniques durant neuf ans et avait "entretenu avec elle une relation épistolaire d'une teneur étrangère à l'entraînement sportif".
Une "séance d'entraînement" sur une "plage naturiste"
"Il a régulièrement et pendant plusieurs années adressé à Mme X. des messages à connotation sexuelle manifeste", explicite le tribunal administratif de Paris dans ce jugement en date du 25 mai 2023 qui vient d'être rendu public.
"Il l'a, à une occasion, emmenée pour une séance d'entraînement sur une plage naturiste et s'est dénudé devant elle, alors qu'il exerçait sur elle une autorité due à ses fonctions d'entraîneur", révèlent les juges parisiens.
Pour sa défense, le requérant faisait remarquer que la jeune femme ne lui avait "pas formulé d'opposition à ces messages et ce comportement". Reste que ce comportement était "constitutif d'un harcèlement sexuel" et "caractérisait une atteinte aux valeurs morales (...) garanties (...) par la charte éthique et de déontologie établie par la FFA", tranchent les magistrats.
"La circonstance que la sanction (...) et sa publication lui causeraient d'importants préjudices professionnels et personnels est sans incidence sur la légalité de la décision", prend soin de préciser le tribunal administratif de Paris.
Enfin, si l'entraîneur de l'Athlétisme Sud 22 jugeait ces sanctions "disproportionnées", les juges lui rappellent qu'elles sont respectivement les 8e, 9e, 10e, 12e et 13e sanctions sur les quinze que comporte le règlement disciplinaire de la FFA. Au regard de la gravité des faits, une radiation "ne saurait être regardée comme disproportionnée" concluent-ils.
SG/CB (PressPepper)