Dauphins échoués sur une plage des Côtes-d'Armor. "Les gens faisaient n'importe quoi avec les dauphins"

14 grands dauphins ont été piégés par la marée ce jeudi 20 juillet dans une crique de Plévenon (Côtes-d'Armor). Le Dispositif National Échouage a été activé pour faire intervenir des spécialistes. Pendant plus de trois heures, ils ont été appuyés par des pompiers, des gendarmes et des volontaires. Avec le retour de la marée, les cétacés ont pu regagner la mer.

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Ce jeudi vers 14h, les sauveteurs de la SNSM en poste sur la plage et des promeneurs ont aperçu de nombreux dauphins en difficulté dans une petite crique à proximité du lieu-dit "La grève d'en bas" sur la commune de Plévenon (Côtes-d'Armor).

Hervé Van Praag, le maire de la commune, revenait du camping, lorsqu'il a vu un attroupement sur la plage. "Les gendarmes venaient tout juste d'arriver. Il y avait plein de monde. Dans l'eau, je voyais les ailerons des dauphins qui étaient bloqués dans moins de 50 centimètres d'eau".

Des animaux de 3 mètres pour 300 kilos

Les dauphins étaient piégés par la marée basse et un banc de sable. Le maire de Plévenon indique "On était une heure trente avant la remontée et à cet endroit, la mer descend très vite. Ils ont été piégés, car ici à marée basse, il y a beaucoup de lançons. Et je pense que les dauphins étaient en train de chasser les lançons en groupe."

Selon Gaël Gautier, directeur de l'association Al Lark, spécialisée dans l'étude des cétacés, cet échouage massif de grands dauphins est "rare et surprenant. Car ces animaux sont sédentaires. Ils connaissent parfaitement leur milieu et le phénomène des marées."

À moins que ces 14 grands dauphins soient venus d'ailleurs, pour se reproduire.

"Une hypothèse, c'est que ces dauphins-là ne soient pas de chez nous. Il y a du mélange et c'est très bien pour la reproduction. Grâce aux photos qui ont été prises, on va pouvoir regarder de plus près les nageoires et voir si ces individus sont d'ici ou pas" précise Gaël Gautier.

Autre hypothèse, mais moins crédible aux yeux de ce spécialiste, "la présence du chantier des éoliennes off-shore. Mais on aurait dû avoir d'autres cas d'échouages si c'était la raison. Mais c'est une hypothèse."

Comme à chaque cas d'échouage de cétacés morts ou vivants, les communes ont l'obligation d'informer l'Observatoire Pélagis, un centre situé à La Rochelle et qui regroupe des scientifiques du CNRS et de l'université de La Rochelle. C'est cet organisme qui a déclenché le Réseau National d'Échouage (RNE). Un système d'alerte et de surveillance. C'est lui qui a missionné sur place trois membres du réseau qui étaient les plus proches géographiquement. Des bénévoles formés à ce type de situation.

Des dauphins fragiles qu'il ne faut pas stresser

À Plévenon, ce jeudi après-midi, de nombreuses personnes sont intervenues en croyant bien faire, mais elles ont eu recours à de mauvais gestes.

Entre 200 et 300 personnes, principalement des vacanciers du camping municipal tout proche, ont afflué auprès des dauphins en faisant beaucoup de bruit, en les saisissant par la queue ou les ailerons pour tenter de les remettre en liberté. Certaines personnes étaient paniquées.

"Les gens faisaient n'importe quoi avec les dauphins. Certains voulaient nager avec eux. D'autres se rapprochaient beaucoup trop près, juste pour prendre des photos. Je me suis fait insulter. Sans compter les enfants qui criaient en disant qu'on tuait les dauphins" raconta Antoine Desprairies, le chef de poste de la SNSM sur la plage. "Au début, je n'avais pas d'inquiétude. Je me suis dit que les dauphins savaient ce qu'ils faisaient. Et puis j'ai vu qu'ils étaient piégés. Et les dauphins ont fini par se jeter sur le sable. Ils étaient la bouche ouverte avec des difficultés pour respirer."

On les a humidifiés le plus possible.

Antoine Desprairies

Chef de poste SNSM plage de Plévenon

Le jeune sauveteur de 24 ans, qui doit gérer les débordements de foule et les dauphins piégés, a le réflexe d'appeler un biologiste marin qui lui conseille de faire le maximum pour que les dauphins restent humides. "Du coup, on les a arrosés au maximum. Et on a essayé de faire en sorte qu'ils se dégagent du sable, mais ce n'était pas facile" précise Antoine Desprairies.

Une opération de sauvetage qui s'est bien terminée grâce à la remontée de la marée, mais qui illustre une faille. "Les gens qui interviennent auprès des animaux marins ne sont pas formés pour la plupart. Ils veulent bien faire, mais utilisent de mauvais gestes" nous explique Gaël Gautier directeur de l'association Al Lark.

Besoin de formations adaptées pour les secours

De son côté, l'association Sea Shepherd s'inquiète d'un manque de personnels formés à l'échouage des dauphins.

De ce que j'ai vu sur les photos, la situation était chaotique sur place.

Lamya Essemladi

Association "Sea Shepherd France"

"Il faudrait que les pompiers, les gendarmes, les policiers municipaux reçoivent ce genre de formation, un peu comme le brevet de secourisme" explique Lamya Essemladi, présidente de Sea Shepherd France. Elle ajoute "Il faut maximiser les chances de survie en mer de ces animaux qui retrouvent le large, mais qui, dans certains cas, vont mourir, car on aura blessé les nageoires pectorales, voire abimé leur colonne vertébrale.

Pour l'association, les images des manipulations de dauphins ce jeudi sur la plage de Plévenon sont terribles. "On est catastrophés. Cela montre une fois de plus qu'il faut absolument mettre en place un réseau de professionnels du secours formés à ce type d'intervention. D'autant que les échouages de mammifères marins sont de plus en plus fréquents."

Des dispositifs d'alerte et d'intervention avec du matériel de reflotaison adéquat pour les animaux, qui existent déjà au Canada, aux États-Unis ou encore en Angleterre.

De son côté, l'Observatoire Pelagis, tient à souligner que certains services de secours ont reçu des formations, mais que la grande difficulté, dans une situation comme celle-ci, est de retenir les nombreux estivants qui font des gestes inadaptés en touchant aux dauphins.

De même, les associations demandent au grand public qui serait témoin d'échouages, de ne pas toucher ni d'effrayer les animaux et plutôt d'appeler en urgence le centre Pélagis, basé à La Rochelle au 05.46.44.99.10 

Ce dernier conseille une règle simple : arroser l'animal ou le garder humide avec des linges et surtout appeler les secours qui eux, savent comment remettre les cétacés à l'eau.

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