Le ministre délégué à la mer et à la pêche, Fabrice Loher, a annoncé une dérogation définitive à la nouvelle norme Imo Tier III censée réduire la pollution des navires dans la Manche et la Mer du Nord, en faveur de l'association de sauvetage en mer. Explications.
C'est la fin de longues négociations pour la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM). Depuis plus de deux ans, l'association est en pourparlers avec le Ministère chargé de la mer et de la pêche au sujet d'une non-conformité de leurs nouveaux bateaux à une norme antipollution.
Clap de fin : le 15 novembre 2024, le ministre délégué, Fabrice Loher, a annoncé dans les colonnes de nos confrères du Marin qu'il mettra en place une dérogation définitive à cette norme pour l'association de sauvetage en mer.
Nommée Imo Tier III par l'Organisation maritime internationale, elle prévoit d'abaisser d'environ 75 % les émissions des moteurs diesel, grâce à l'installation d'un système de récupération des gaz directement sur le système moteur des navires. La norme est entrée en vigueur en 2022 pour la zone de la Manche et de la mer du Nord, dans laquelle la SNSM opère.
150 000 euros par navette
Quatre nouveaux navires sont d'ores et déjà sortis de chantier (sur la quinzaine commandée par l'association en tout) et doivent opérer dans la zone antipollution, notamment aux postes de Goury (Manche), Ouistreham (Calvados) et Granville (Manche).
Mais jusqu'à présent, l'association n'avait pas prévu de faire les modifications nécessaires sur sa flotte flambant neuve. Pourquoi un tel traitement de faveur ?
Ce sont des bateaux qui naviguent très peu, environ 100 heures par an et comme ils sont neufs ils sont déjà moins polluants que nos anciens navires qui ont une trentaine d'années
Jean-Marie Choisy, délégué départemental de la SNSM pour la Manche et la Mer du Nord.
Leurs sorties occasionnelles n'émettraient ainsi que peu d'oxyde de soufre et d'azote : la justification de l'association a finalement fini par convaincre le ministre délégué Fabrice Loher. Et puis se plier à la nouvelle norme aurait eu un coût non négligeable pour la SNSM : "au minimum 150.000 euros par bateau en plus" et des mois de travaux supplémentaires, alors que les anciens bateaux "fatiguent" et tombent déjà en panne.
La norme respectée à l'avenir
Une dérogation provisoire avait déjà été accordée jusqu'en avril 2025, mais la nouvelle de la dérogation définitive réjouit Jean-Marie Choisy. "Les nouvelles navettes n'ont rien à voir avec les anciennes, ce sont de magnifiques bateaux et nos équipages de sauveteurs les ont déjà parfaitement en main", explique-t-il avec enthousiasme.
Il ne manque plus qu'un arrêté ministériel pour régulariser la situation et la nouvelle flotte pourra enfin naviguer. À savoir que la dérogation définitive concerne les bateaux qui ont déjà eu une pose de quille, c'est-à-dire dont le début de la construction a été reconnue officiellement.
Cela signifie que les futurs navires encore en construction seront, eux, bien mis aux normes. La station de Barfleur, dans la Manche, en attend un aux normes pour 2027.
