Les 62 éoliennes prévues d'ici 2023 en baie de Saint-Brieuc, font des vagues en mer mais aussi à terre. A Erquy, Un agriculteur s'oppose à leur raccordement électrique qui doit passer par son exploitation laitière.
Dans les côtes d'Armor, à proximité du chantier du futur parc éolien en mer de la baie de Saint-Brieuc. Ludovic André, agriculteur, est vent debout contre l'enfouissement par RTE (Réseau de transport d'électricité) d'un câble de 225.000 volts le long de son exploitation, pour alimenter le site. Le 22 octobre, il a invité la presse, des associations de défense et des élus pour expliquer son désarroi. Il les emmène le long d'un chemin qui borde le bâtiment de stabulation de ses vaches.
Là, il explique : " les câbles qui vont relier le parc éolien au centre de transformation électrique Hénansal vont passer le long de ce sentier de mon exploitation"
600 mètres d'un chemin qui n'apparaît pas sur le cadastre. Pour que RTE puisse l'utiliser, une enquête publique a été ouverte fin septembre. Et là, surprise pour l'agriculteur.
Sur le dossier fourni au public pour consulter les éléments avant que la commissaire enquêtrice puisse statuer, mes bâtiments d'élevage ont disparu des plans. RTE les a tout simplement supprimés.
Ludovic André, éleveur laitier à Erquy
L'association Gardez les Caps, opposée au parc éolien, a pris l'affaire au sérieux, soutenue par des élus du secteur venus sur place dont Marc le Fur, député LR du département, qui détaille certaines incohérences, plan de l'exploitation en main.
Sur le plan, il y a des bâtiments, la maison, mais ne figure pas l'exploitation. Nous sommes dans un faux en écriture publique dans une enquête tronquée. C'est grave qu'une administration d'Etat se livre à de telles méthodes. Tout ça pour faire passer le projet. Je le dénonce.
Marc Le Fur Député LR des Côtes d'Armor
RTE, de son côté, précise que le plan en question indique le tracé des liaisons souterraines et que toutes les constructions n'ont pas besoin d'être représentées.
Mais ce qui inquiète surtout l'éleveur, ancien ingénieur d'Alcatel, c'est la santé de ses vaches, sensibles au courant électrique, surtout sur cette exploitation située en zone humide.
Le tracé alternatif qu'il avait proposé sur ses parcelles n'avait pas été retenu.
Les vaches sont très sensibles au courant électrique. Cela peut provoquer un stress et faire monter les leucocytes dans le lait. Et si ce lait dépasse une certaine norme, il ne peut plus être collecté. Cela veut dire des revenus en moins et la crainte d'une fermeture de mon exploitation.
Ludovic André, éleveur laitier à Erquy
Un long combat judiciaire
Depuis 2013 et son installation en tant qu'éleveur de vaches, Ludovic André se bat contre le passage des câbles le long de son exploitation.
En avril 2019 le Conseil d'Etat a débouté l'agriculteur considérant qu’il n’existait pas d’élément scientifique prouvant l’incidence du passage des câbles sur la santé de ses vaches. Le tribunal de Saint-Brieuc a, en revanche, ordonné en octobre 2021, la réalisation d'une expertise sanitaire de son exploitation avant travaux. Cette décision est contestée par RTE, qui a fait appel.
Mais le combat judiciaire de Ludovic André ne s'arrête pas là. Soutenu par l'association Gardez les caps, ils ont porté plainte contre X, des chefs de faux et d’usage de faux.
Le même jour la préfecture des Côtes d'Armor a pris un arrêté instituant les servitudes légales sur le chemin des Moineries.
Dans un communiqué de presse diffusé vendredi 12 novembre, l'association fait part de son étonnement "face à une décision qui devait être prise le 16 ou 17 novembre 2021 et constate que cet arrêté a été pris le jour même du dépôt de la plainte".
Quant au procès verbal de la commissaire enquêtrice, il n'a pas encore été rendu public.
Le reportage de Nathalie Rossignol et Bruno Van Wassenhove