Pollution maritime en baie de Saint-Brieuc : la préfecture maritime constate une dispersion naturelle

Le navire qui effectue des forages en baie de Saint-Brieuc a rejeté 100l d'huile à la mer le 14 juin. Une nappe de 16 km de long sur près de 3 km de large a été repérée à une vingtaine de kilomètres d'Erquy. La préfecture maritime rapporte ce soir une dispersion naturelle de la pollution.

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L’Aeolus, le navire de 138 mètres de long qui est chargé des travaux préparatoires du parc éolien controversé de la baie de Saint-Brieuc, a rejeté accidentellement une centaine de litres d’huile ce 14 juin, vers 6 h 30 selon la préfecture maritime de l'Atlantique. C’est le commandant de l’Aeolus, qui a lui-même alerté le Cross Corsen.

"La pollution, d’abord observée par le satellite Cleanseanet, puis confirmée par un avion des Douanes à 14 h 20, a provoqué une nappe de 16 kilomètres de long et 2,7 de large" indique la préfecture maritime de Brest, qui a transmis les éléments observés au procureur de la République de Brest, chargé de l'enquête. Cette dernière devra préciser les faits, établir si la responsabilité pénale de la société Van Oord (à laquelle appartient L'Aeolus) est engagée et si des poursuites judiciaires doivent en découler.


Dispersion naturelle de la pollution observée

La préfecture maritime a expliqué que la nappe se situe à une vingtaine de kilomètres de la côte, au Nord d'Erquy. A  la suite de cet incident, un avion Falcon 50 de la Marine nationale a survolé cette zone. 

Selon un communiqué, les premières constatations laissent apparaître "l’évolution favorable de la situation puisque l’irisation de surface, bien visible hier sur plusieurs kilomètres, a désormais totalement disparu : à l’issue de plusieurs heures de patrouille, elle demeure invisible tant depuis le ciel que depuis les trois bâtiments de surface (le Bâtiment d'Essais Guerre des Mines (BEGM) Thetis, le Bâtiment de Soutien et d'Assistance Affrétés (BSAA) Sapeur et le Bâtiment Ecole (BE) Panthère) dépêchés sur zone par la préfecture maritime."

D'après la préfecture maritime, ce phénomène de dilution s’explique par la grande faculté de dispersion de l’huile au regard de la quantité rejetée. Avec ce constat, le risque de pollution terrestre s'éloigne mais les autorités indiquent rester vigilantes et maintenir une surveillance. 

Un navire anti-pollution sur place 

Tout au long de la journée, les moyens se sont organisés pour éviter que la nappe n’atteigne les côtes bretonnes. Le Sapeur, le navire affrété par la Marine nationale à Brest, spécialisé dans le traitement des pollutions en mer, est arrivé sur zone, ce mardi matin, avec à son bord, un barrage flottant de 300 mètres de long, des boudins absorbants et un système de récupération pour aspirer le polluant. 

Une surveillance s'est organisée à terre et dans les airs, par avion et satellite. L'armateur Van Oord a été mis en demeure de faire cesser le danger de pollution. 

L'huile Panolin, un produit "biodégradable" selon Ailes Marines

De son côté, Ailes Marines a déclaré dans un communiqué de presse ce mardi matin que le navire Aeolus était actuellement immobilisé sur zone, "suite à un problème technique rencontré à l’occasion de la deuxième série de forages réalisée".

Selon le constructeur du parc éolien,  l’Aeolus aurait perdu de l’huile hydraulique de son système de forage. Ce problème technique a entraîné "l’écoulement de fluide hydraulique Panolin HLP SYNTH utilisé dans les systèmes de guidage des foreuses". Aucune quantité n'est précisée, mais des informations ont été données quant à la qualité du produit rejeté en mer.

Ce fluide, spécialement conçu et développé pour les travaux en mer, est biodégradable selon les critères internationaux de l’OCDE 301B. Il est considéré dans l’industrie comme l'un des plus respectueux de l’environnement

Communiqué d'Ailes Marines

Les travaux ont été stoppés dans l´attente de l´inspection technique du gabarit de forage par les autorités. Une fois cette inspection terminée, l´Aeolus retournera à son port d'attache, aux Pays-Bas afin d’effectuer une vérification technique complète du navire et des outillages, a souligné le constructeur du parc éolien.

Ailes Marines avait organisé une visite de presse sur son chantier, le 8 juin. 

Le constructeur convoqué par la Ministre

Ce mardi matin, Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique a de son côté convoqué les responsables du projet de parc éolien en baie de Saint-Brieuc, la société Iberdrola, "pour qu'ils s'expliquent sur la pollution".

La ministre entend faire passer "un message de tolérance zéro sur la manière dont doit être mené le chantier" et réclame la "plus grande transparence" vis-à-vis de tous les acteurs, a indiqué son cabinet à l'issue de l'entretien. Elle considère que "c'est justement parce que l'éolien en mer est d'importance vitale" et que la France est "très en retard" dans ce domaine qu'il est "absolument inenvisageable que la filière se déploie en provoquant ce genre de nuisance", a-t-on indiqué de même source.

Des pêcheurs écoeurés

Les pêcheurs, eux se sont dits "écoeurés", en apprenant cette pollution auprès d'un chantier qu'ils contestent depuis le début. Ils doutent également de la quatité d'huile annoncée par les autorités : "Comment 100 litres d'huile provoquent une nappe de 16 km de long?", se demande Alain Coudray, président du Comité des pêches des Côtes d'Armor, qui annonce que le Comité va déposer une plainte contre Ailes Marines dans la journée. Dans un communiqué, le Comité des pêches ajoute que "la baie de Saint-Brieuc n'est pas un laboratoire à ciel ouvert où des industriels viendraient tester des outils et polluer l'environnement marin".

Enfin, les pêcheurs costarmoricains mettent en doute le matériel utilisé pour le forage. Selon eux, trois forages auraient dû être menés en quatre jours et à leur connaissance, aucun n'a pu aboutir. 

L'Aeolus ne pourra quitter la baie de Saint-Brieuc pour ses réparations que sur décision du procureur de la République de Brest, après des auditions et des prélèvements. En attendant, les différents moyens de l’Etat en mer sont pour l'instant maintenus sur zone, par mesure de précaution. Un dernier survol sera réalisé en soirée par un avion de patrouille maritime Atlantique II de la Marine nationale.

 

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