Longtemps Saint-Brieuc a renié ses origines maritimes. Tout comme Brest ou Lorient qui s’étaient un temps détournées de la mer, la ville reprend goût à son port. Aujourd'hui, c'est un véritable quartier, qui attire de nombreux visiteurs.
En vingt ans, le visage du port du Légué a considérablement changé. Longtemps réputé mal famé, c'est aujourd'hui un lieu prisé des promeneurs. Des milliers de passants s’y arrêtent pour manger ou se promener. Les lieux sont agréables, certaines terrasses ensoleillées, les commerces vivants... Les habitants du coin ont enfin renoué avec cette partie de Saint-Brieuc et de Plérin.
Les premiers commerces
La métamorphose du Légué a commencé en 2004, avec la réhabilitation des friches industrielles et l'évacuation du Wagon, un squat occupé par des punks depuis 7 ans.
Quelques commerces se sont alors installés. Le caviste est l'un des premiers à y avoir cru. Il a ouvert en 2008 et a attisé la curiosité grâce à la façade colorée de sa boutique. François Charroy, son propriétaire apprécie la convivialité sur le port. 10 ans après son ouverture, la cave est ouverte 7 jours sur 7, il a embauché deux personnes.
Au comptoir des Mouettes, un bar emblématique du Port, se croisent les habitués, les touristes, les habitants des environs. Gildas Chasseboeuf aime cet endroit. Ce dessinateur y a ses habitudes. Ce jour-là, il croise Michel, une vieille connaissance habitant Saint-Brieuc. Gildas, lui habite sur le port depuis 28 ans. A l’époque, sa maison, personne n’en voulait, elle était en vente depuis 4 ans. L’endroit avait mauvaise réputation.
Loin de l'ambiance de marina
De la terrasse des Mouettes, cette vue imprenable sur le port de plaisance. C'est là que Arnd et Bente ont amarré leur bateau. Ils vivent à bord depuis 3 ans avec leurs deux enfants. Ils ont trouvé un port qui fonctionne au rythme des marées, vivant, loin de l'ambiance de marina et espèrent qu'il gardera longtemps son caractère authentique. "J'ai peur que ce port devienne trop chic, explique Bente, j'aime ce côté port de pêche".
Pourtant on ne sent plus beaucoup l'odeur de poisson au Légué, c'était le cas jusqu'à la fin des années 90. Depuis la création du port de St Quay Portrieux, tous les bateaux de pêche de Saint-Brieuc débarquent là-bas. Mais l'ambiance de port de pêche perdure grâce aux chantiers de réparation navale. 200 bateaux sont réparés chaque année, dans cette cabine de peinture, la seule ouverte pour ces grands navires entre les frontières belge et espagnole, selon Laurent Kernivinen, responsable du port du Légué à la Chambre de commerce et d'industrie. L'élévateur de 350 tonnes permet aussi de dynamiser la réparation navale sur le port.
Un 4ème quai?
Le Légué est un port de fond de baie, soumis aux aléas des marées. Une semaine sur deux, ces caboteurs ne peuvent pas y entrer. Et si rien n'est fait, vu l'augmentation de leur taille, bientôt, ces bateaux n'accéderont plus au port. La construction d'un quatrième quai est à l'étude. Ce nouveau quai sera long d’une centaine de mètres, avec un terre-plein de sept hectares et demi. Il permettra d’accueillir des navires avec un tirant d’eau plus important. Le projet n'a pas encore été validé, le coût s'élèverait à plus de 10 millions d'euros.