Cette première journée de pêche à la coquille Saint Jacques en baie de Saint-Brieuc avait des allures de pêche miraculeuse. Selon les estimations, réalisées cet été, la saison 2022 s'annonce prolifique. Nous avons suivi l'ouverture à bord du bateau l'Ocealine.
Ce lundi matin, sur les ports de pêche d'Erquy et de Saint-Quay-Portrieux dans les Côtes d'Armor, une cohorte de bateaux de pêche prend la mer. Tous ont troqué leurs filets de pêche habituels contre les dragues à coquilles. Pas question pour ces patrons pêcheurs et leurs matelots de rater ce début de saison très prometteuse.
A Bord de l'Océaline, ce bateau de pêche basé à Saint-Quay-Portrieux, Christophe Bourges et Renald mettent le cap sur un des deux gisements ouverts ce matin.
Ce 3 octobre 2022, c'est leur premier jour à la coquille, seuls le gisement du large et le secondaire sont ouverts. Les pêcheurs sous licence ont le droit de pêcher entre 9H et 13h, c'est la règlementation.
Ce n'est donc pas une course contre la montre qui débute, contrairement à ce qui se produit le jour de l'ouverture du gisement principal fin octobre. Les bateaux ne disposent alors que de 45 minutes par jour pour passer leurs dragues, soit 4 à 6 passages.
Pour ce premier acte, le quota est de 850 kilos de coquilles maximum par bateau, auxquel chaque navire peut ajouter 50 kilos de godailles. L'objectif est rapidement atteint par l'Océaline et une partie du dernier trait est même rejeté à la mer pour respecter le tonnage imposé.
Pour Christophe bourges le patron pêcheur c'est vraiment le début :
"là on fait route sur les îles Saint-Quay c'est des petits cailloux que l'on connait bien. On commence toujours par là. On va passer cinq ou six fois la drague et après on verra...là on vient d'accrocher, vous avez vu le bateau vient de tanguer un peu...mais c'est pas dangereux."
A la criée le prix minimum du kilo s'élevaient à 2,40 euros.
Une gestion de la ressource réussie
Selon les évaluations de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer), réalisées cet été en baie de Saint-Brieuc et en baie de Seine concernant les populations de coquilles Saint-Jacques, tous les indicateurs sont au vert pour la pêche.
Depuis 2010, date de la mise en place d'une gestion durable de la ressource, les quantités de coquilles Saint-Jacques ne cessent de progresser dans la baie de Saint-Brieuc.
Les grandes mesures de cette stratégie sont :
- la diminution du nombres de kilos pêchés par bateau grâce à la mise en place d' horaires et de dates pour cette pêche;
- l'adaptation des engins de drague avec des anneaux plus larges que précédemment pour laisser au fond les jeunes Saint-Jacques.
Dans la baie de Seine en Normandie, où le tonnage pêché est plus important (105 000 kilos contre 63 000 pour celle de Saint-Brieuc), une zone de jachère a été mise en place pour permettre à ce mollusque bivalve marin de la famille des pectinidés d'être mieux préservé.
Seuls 200 à 220 bateaux titulaires d'une licence de pêche à la coquille ont accès à la ressource du mois d'octobre à la fin mars. A chaque retour au port les bateaux passent par la criée pour enregistrer leurs "pesées". Une obligation unique en Europe.