La Cooperl vient de mettre au point un biocarburant fabriqué à partir de graisses issues de ses abattoirs et ateliers de transformation agro-alimentaire. Le leader français de la production porcine, basé à Lamballe dans les Côtes-d'Armor, entend verdir sa flotte de camions et voitures à l'horizon 2025 et réduire ainsi son empreinte carbone.
D'ici 2025, les camions et voitures de la Cooperl rouleront grâce à un biocarburant fabriqué à partir des graisses de flottation, des résidus provenant des différents ateliers d'abattage et de transformation du groupe porcin. Lequel, à terme, table sur une production de 20 millions de litres par an. Objectif : valoriser ces déchets et réduire ainsi l'empreinte carbone de l'entreprise.
"Un procédé unique"
Le leader français du porc, basé à Lamballe dans les Côtes-d'Armor, a mis dix ans pour développer son procédé de transformation "unique et totalement innovant, explique Justine Bercy, chef de projet biocarburant à la Cooperl. La principale difficulté résidait dans le fait que ce sont des déchets très contaminés et qu'il fallait trouver un moyen de les traiter pour aller jusqu'au biocarburant".
L'entreprise bretonne a tout d'abord opéré des tests à petite échelle. "On a sorti un premier pilote qui produit 50 litres par jour puis un autre de 200 litres". Prochaine étape : une production industrielle dans la toute nouvelle usine construite à Lamballe.
Expérimentation en cours
Jusque-là, la graisse des eaux usées était valorisée sous forme de biocombustible pour alimenter les outils de production de chaleur.
Avec ce biocarburant, la Cooperl poursuit son schéma de décarbonation. Elle a fait son calcul : les 10 millions de litres qu'elle espère sortir de son usine en 2023 permettront d'éviter l'émission de 24.600 tonnes de CO2. "Cela fait près de 30 ans que l'entreprise est dans une démarche environnementale, assure Franck Porcher, directeur du pôle Cooperl Environnement. Il fallait qu'on règle les problèmes et que l'on conserve le droit à produire de nos exploitants. Quand on voit ce qui se passe aujourd'hui sur les énergies, sur la décarbonation, sur tout ce que l'on demande aux entreprises, en sachant qu'il y a déjà en France une obligation réglementaire avec la stratégie nationale bas carbone, cette démarche est devenue incontournable et indispensable".
Le biocarburant fabriqué avec des graisses animales est en cours d'expérimentation sur un camion et plusieurs voitures de la coopérative sans avoir eu besoin de modifier le moteur puisque, selon Justine Bercy, "le produit est normé et se substitue au gazole".
A l'horizon 2025, c'est toute la flotte de véhicules qui devrait verdir. La Cooperl entend également proposer ce biocarburant à ses 2.950 éleveurs-adhérents.