Gwenaël Le Goffic s'est suicidé en mars 2014. Un décès reconnu comme un accident du travail en 2015. L'entreprise Nutréa-Triskalia de Plouisy a t-elle commis une faute inexcusable lors de la mort du chauffeur-livreur ? C'est la question posé par maître Lafforgue devant le tribunal de Saint-Brieuc.
Avec l'affaire Morfoisse, mort suite à une exposition aux algues vertes en décomposition, c'est une seconde affaire d'intoxication aux pesticides, qui était plaidée ce jeudi devant le tribunal des Affaires de sécurité sociale de Saint-Brieuc. Le décès de Gwenaël Le Goffic, avait déjà été reconnu comme accident du travail en 2015, il s'agissait cette fois pour Maître François Lafforgue, l'avocat de la veuve du salarié, de démontrer la faute inexcusable de l'entreprise Nutréa-Triskalia dans la mort du chauffeur-livreur.
Plusieurs collectifs étaient dans la salle d'audience pour soutenir, la femme du chauffeur, Édith Le Goffic et ses enfants, l’Union régionale Solidaires de Bretagne, le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest et le comité de soutien des victimes des pesticides de Triskalia.
Des affaires d'intoxication aux pesticides
Pour rappel, Gwénaël Le Goffic, 41 ans, s'était suicidé le 21 mars 2014, pendu à son camion, sur son lieu de travail, l'entreprise Nutréa Triskalia de Plouisy, où il était employé depuis l'âge de 22 ans. Depuis 2009, la situation de l'entreprise s'était grandement dégradée d'un point de vue économique, mais aussi avec plusieurs accidents du travail et des cas d'intoxication aux pesticides. Un climat de stress à la fois psychologique et économique semblait donc régner dans cette entreprise de fabrication d'aliment pour animaux. Gwenaël Le Goffic avait été réaffecté à la livraison d'aliment pour les porcelets premier âge, des granulés de céréales comportant des antibiotiques.
Un accident quelques mois plus tôt
Au mois de janvier 2014, le chauffeur avait été victime d'un accident, avec un sac d'aliment qui s'était percé. Il avait dû alors être hospitalisé pour une douleur violente aux yeux, des brûlures au visage et une forte conjonctivite. L'avocat insiste aussi sur le fait qu'il n'y avait aucune protection pour les salariés, manipulant les aliments. Ni gant, ni masque, ni combinaison et le bâtiment n'était pas ventilé, non plus. Les journée de travail de Gwénaël le Goffic s'alourdissaient grandement avec des horaires très importants, ajoute encore maître François Lafforgue. L'entreprise pour lui ne pouvait non seulement, ignorer les risques encourus par les salariés, mais ses manquements, étaient donc propres à constituer une faute inexcusable.
L'avocat de l'entreprise, maître Gervais, va lui tenter de minimiser la charge de travail du salarié, ainsi que la nocivité des produits, dont les doses d'antibiotique auraient été infimes. Il rappelle encore que l'entreprise ne pouvait pas connaître les difficultés psychologiques du chauffeur, un homme consciencieux.
Le jugement sera rendu le 27 septembre prochain.