A Saint-Marcel dans le Morbihan, le musée de la Résistance invite les visiteurs à se replonger dans l’atmosphère endiablée des bals clandestins des années 40. Un parcours d’exposition retrace l’histoire de ces rassemblements interdits par le régime de Vichy.
À partir de mai 1940 et jusqu’en avril 1945, les bals sous toutes leurs formes sont interdits sur le territoire français. La danse, loisir majeur de la jeunesse française de l’entre-deux-guerres, est réprimée et sanctionnée par le régime de Vichy. Considéré comme une atteinte à la morale et aux bonnes moeurs, le bal devient clandestin.
A lire aussi : A Saint-Marcel dans le Morbihan, le musée de la Résistance en Bretagne dans une scénographie renouvelée
Résister en dansant
Mais les Français ont besoin de distraction et de liberté pendant ces temps de restriction. Alors la résistance, à la fois des danseurs et des musiciens, va s'organiser pour continuer à faire vivre ces moments d'évasion et de retrouvailles.
C'est ce que raconte à travers des affiches de l'époque, des photos, des costumes, des objets et instruments, l'exposition "Vous n'irez plus danser" à découvrir au musée .
La fête est donc finie avec l'ordre des préfectures et du ministre de l'intérieur de fermer les dancings en juin 1940. Mais qu'à cela ne tienne !
Librement inspirée de témoins de l’époque, la création de la compagnie bretonne la Cariqhelle retrace cinq ans de prohibition des bals dès l’arrivée des troupes allemandes sur le sol français. Devant le public ce jour-là, à l'intérieur du musée, les acteurs réinventent "le torpille jazz club", un dancing clandestin.
Pour Matao Rollo, conteur de la Compagnie la Cariqhelle, ces bals étaient vitaux : “On s’amusait et on vivait ensemble. Et c’est en ça qu’il y avait peut-être autant de bals dans ces moments là. C’est qu'il y avait ce besoin de souffler dans des temps horribles”.
L'évocation se poursuit par une exposition très ludique et une remise dans le contexte de l'époque.
Pour organiser ces bals, c’était le bouche à oreille. On essayait de trouver un accordéoniste, de faire passer l’information. Et puis il fallait trouver un lieu aussi. Ca pouvait être une arrière-salle de café, une grange, un tunnel, un extérieur aussi.
Tristan Leroyconservateur du Musée de la résistance en Bretagne
Au delà du plaisir de la danse, les bals clandestins ont pu abriter des réseaux de résistants, explique Tristant Leroy. "Il y a eu également des bals dans les maquis, ces danseurs pouvaient être raflés et tous considérés comme des résistants, arrêtés et déportés ”.
La liberté de danser reste un combat toujours d’actualité.
En 2014, ces jeunes iraniens ont écopé de peines de prison après avoir tourné un clip vidéo !
Avec Alexis Delacour