Tout l'été, les Amis de la chapelle Notre-Dame-des-Marins ouvrent les portes de la petite chapelle. L'occasion de découvrir le lieu et de se plonger dans l'histoire de la grande pêche et l'aventure de ces hommes qui partaient pendant plus de six mois pour pêcher la morue.
Certaines légendes racontent que si la mer est salée, c’est à cause des larmes des familles des marins péris en mer.
À Erquy, avant de partir pour de longs mois pêcher la morue sur le grand banc au large de Terre-Neuve ou dans les eaux glacées d’Islande, les hommes allaient se mettre sous la protection de la Vierge de la petite chapelle au-dessus du port.
Très haute et située sur un promontoire, la chapelle, reconstruite en 1867, était la dernière petite silhouette qu’ils apercevaient en prenant le large, la première qu’ils revoyaient à leur retour.
"Les hommes partaient en février, mais nul ne savait quand ils allaient rentrer, ni même s’ils allaient rentrer" expliquent Annick Cramoisan et Emmanuel Papilon, bénévoles de l’association des Amis de la Chapelle Notre-Dame-des-Marins.
"C’était des conditions de vie très dures. Il faisait froid, c’était très physique. Lorsque les goélettes arrivaient au large de Terre-Neuve, les hommes partaient pêcher sur des Doris, des petites barques où ils étaient deux. Il arrivait qu’ils se perdent dans le brouillard."
Une chapelle vouée à la mer
Près du chœur de la chapelle Notre-Dame-des-Marins, les bénévoles évoquent la vie à bord des goélettes et chalutiers. Les maquettes de bateaux ont été offertes par des marins. Le Stella Maris, l’Albatros… Ces hommes sont revenus. Ce ne fut pas le cas de ceux du Glaneur, où six marins d’Erquy ont péri, ou de la goélette Saint-Michel qui a sombré corps et biens au large de l’Islande.
Sur le côté de l’église, le mur des péris en mer témoigne de ce passé douloureux. Ils avaient parfois 16, 17 ans. Ils s’appelaient Jean, Louis, Auguste… Ils ont laissé leur vie en mer.
Anne Eveillard pense souvent à son arrière-grand-père. Une petite plaque de marbre est accrochée à son nom sur le mur. Louis Coilan. "Normalement, précise-t-elle, ça s’écrit Coalan." Il avait 27 ans. "Il est décédé de dysenterie à bord de son navire, son corps a été jeté en mer. Il a laissé sa femme veuve avec ses deux filles de deux et trois ans. Elle a travaillé toute sa vie comme couturière, elle allait dans les fermes."
La grande pêche, c’était difficile pour les hommes qui partaient, c’était aussi très lourd pour les femmes qui restaient à terre, attendaient et devaient faire vivre les familles parfois sur de tout petits lopins de terre.
L’histoire de cet arrière-grand-père a marqué la vie de la famille. Quand elle était petite, Anne avait l’interdiction formelle de monter sur un bateau, trop dangereux, mais devait apprendre à nager le plus vite possible. "La mer, c’était la hantise de ma grand-mère, sa hantise."
Toute la petite chapelle est placée sous le signe de l’océan. Les vitraux colorés décrivent des scènes de pêche, un coquillage a été transformé en bénitier.
"Quand les hommes craignaient de ne pas revenir, ça les rassurait sans doute de savoir que la chapelle était là et veillait sur eux" résume Emmanuel Papillon.
Les Amis de la petite chapelle Notre-Dame-des-Marins accueillent les visiteurs tous les mardis de 16h à 18 h et tous les vendredis de 10h à 12h. Le 15 août, une messe est célébrée dans la chapelle.