Alors que Jean-Yves Le Drian est sur tous les fronts pour son mandat de ministre de la Défense, le Président de la région Bretagne est rattrapé par la crise qui secoue l'élevage et attendu par les agriculteurs bretons. Il leur promet un "vrai plan de redressement".
Depuis la semaine dernière, les blocages de routes et les actions de colère et de désespoir des agriculteurs se succèdent en Bretagne. Leur objectif est d'interpeller le gouvernement pour qu'il prenne des mesures pour endiguer la crise agricole qui met à mal les trésoreries des élevages. Ils demandent des prix rémunérateurs leur permettant de vivre de leur métier et non plus des aides financières.
Au fil des jours et de la mobilisation, les rapports entre certains syndicats agricoles et leur ministre de tutelle Stéphane Le Foll sont devenus des plus difficiles. Ce jeudi, ni le ministre, ni la FRSEA, le principal syndicat agricole, n'étaient présents à Rennes à la table-ronde organisée par le préfet de la région Bretagne.
Le Drian, nouvel interlocuteur ?
Les éleveurs bretons, en appellent maintenant à un nouvel interlocuteur, le président de la région et ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lui qui a pris à ses cotés comme vice-président en charge de l'agriculture, l'ancien président de la FDSEA 22, Olivier Allain, qui encadrait les producteurs lors de manifestations il n'y a pas si longtemps.Ce vendredi matin, des représentants de la FDSEA du Morbihan, invitaient par l'intermédiaire de la presse, Jean-Yves Le Drian à venir à leurs rencontre sur le barrage d'Arzal. Il y a deux jours, des tracteurs avaient pris la direction de Guidel pour encercler la maison du ministre. Le convoi avait été arrêté dans sa progression par les forces de l'ordre.
Jean-Yves Le Drian, bien occupé par ses dossiers militaires, et déléguant les rênes de la région à ses vice-présidents, se voit donc directement impliquée dans l'issue de cette crise agricole qui menace de se propager à toutes les campagnes de l'Hexagone.
Un plan de redressement de la filière porcine en cours d'élaboration
Silencieux jusqu'à jeudi, Jean-Yves Le Drian commence à faire savoir qu'il n'a pas pour autant oublié les agriculteurs et qu'il travaille à un vrai plan de redressement de la filière porcine bretonne notamment.Ce vendredi après-midi alors qu'il était à Rennes pour signer une convention sur la couverture Internet très haut débit de la région avec le patron d'Orange, il est quelque peu revenu sur la situation des agriculteurs. "Aujourd'hui nous sommes en train de mettre en place la méthode permettant d'aboutir à ce plan de redressement". Et d'ajouter "Je rencontre beaucoup de monde mais je ne le fais pas devant les médias".
"Il s'agit d'une vrai crise structurelle. Ce n'est pas une crise de prix qui succède à une crise de prix. C'est vraiment une crise de fond ... qui nécessite que tous les acteurs soient partie prenante dans l'élaboration de ce plan de la filière bretonne auquel je contribue beaucoup" a-t-il ajouté.
"La filière doit se réorganiser"
Dans une interview dans Les Echos de ce jeudi soir, le président du conseil régional explique que "Le fonctionnement de la filière porcine est devenu caduc", et que "La filière doit se réorganiser avec un meilleur partage de la valeur ajoutée et engager les éleveurs dans des activités complémentaires (méthanisation ou fabrication des aliments à la ferme)". Des arguments déjà prôné par le gouvernement et le ministre de l'agriculture en personne. D'ailleurs, dans son entretien, Jean-Yves Le Drian ne désavoue surtout pas son homologue ministre en ajoutant "Comme Stéphane Le Foll l’a indiqué lui-même, chacun doit prendre ses responsabilités, du producteur, qui souffre le plus, aux fabricants d’aliments, aux abattoirs, transformateurs et aux distributeurs".
Dans une interview accordée à Ouest-France, Jean-Yves Le Drian précise qu'il faut tirer le modèle breton vers le haut : "La sécurité sanitaire et la traçabilité des produits de l'élevage breton sont des atouts incontestables. Mais ils ne sont pas suffisants. Il faut aussi développer des labels, investir plus encore dans l'innovation". Quant aux éleveurs qui ne se relèveront pas de cette crise, l'élu précise qu' "Aucun ne doit être laissé de côté. Je propose un plan de formation et de reconversion professionnelle. La Région Bretagne est prête à s'y engager".
Il n'est pas certain que ce soit avec des mesures qui ont un goût de déjà entendu que le président de région arrivera à convaincre les agriculteurs désespérés qui au fil des semaines perdent de l'argent à chaque kilo de viande ou litre de lait produit. Mais reste à voir précisément les mesures précises de ce "vrai plan de redressement" annoncé par le ministre breton.
