La réouverture des centres de formation fait partie des annonces du 7 mai en vue du déconfinement. Comme dans les écoles, des mesures ont dû être prises par les structures. A l’image de l’organisme Stumdi, elles vont progressivement repasser de la téléformation aux cours en présentiel.
Depuis le 17 mars, aucun stagiaire de Stumdi, organisme spécialisé dans les formations longues à la langue bretonne, n’avait mis les pieds dans une salle de cours. Toutes les formations ont continué virtuellement, par écrans interposés, grâce au logiciel spécialisé Discord. "Nous n’avions pas du tout l’habitude pour ce type de téléformation et cette crise nous a obligés à nous réinventer, explique Claudie Malnoë, directrice du centre de formation. Pour des personnes en perfectionnement, qui maîtrisent déjà bien la langue bretonne, les cours à distance fonctionnent très bien. Ils vont même continuer pour l’instant. En revanche, pour les débutants qui ont commencé en janvier, il est vraiment temps de se retrouver pour parler, échanger. Apprendre une langue c’est d’abord de l’oral."
A Guingamp, Landerneau et Brest, les formations « le breton en 840 heures chrono ! » ont donc repris lundi 11 mai. 21 élèves ont retrouvé leurs salles de cours, et 8, qui ont des enfants à garder ou une santé plus fragile, continuent à distance, avec un formateur dédié.
Les salariés ont préparé les salles en appliquant les préconisations officielles. "Par chance, nous avions récemment acheté des tables individuelles sur deux sites. Sur l’autre, c’est forcément plus compliqué. De plus, à Guingamp nous sommes locataires des locaux et la mairie, propriétaire, exige qu’une entreprise spécialisée fasse le nettoyage tous les soirs. Avec les masques, l’ensemble des équipements pour protéger le personnel administratif, cela génère de nombreux surcoûts".
Conséquences économiques pour les structures
La crise du Coronavirus ne sera pas indolore pour les structures de formation, notamment dans le secteur de la langue bretonne où ces centres sont gérés par de petites associations. Comme Stumdi, Roudour, Skol an Emsav, Mervent ont tous basculé dans la téléformation pour permettre aux sessions en cours d'aller à leur terme.
Mais certaines activités n’ont pas pu être maintenues. "Nous avons dû annuler de nombreux stages d’une semaine prévus pendant les vacances de Pâques, ce qui représente bien sûr un manque à gagner pour une petite structure comme la nôtre, explique un membre du conseil d’administration".
Avec la réouverture des sites de formation, c’est vers l’avenir que l’on se tourne désormais. Il faut préparer les élèves à leurs examens de validation des compétences acquises. "Je pense que ça ne sera pas mal du tout, reprend Claudie Malnoë. Les stagiaires sont stressés par leur niveau, encore plus cette année que d’habitude. Mais les retours des formateurs sont bons. Les résultats devraient être proches de ceux d'une formation en présentiel."
Nouvelles perspectives
Cette expérience forcée ouvre aussi de nouvelles possibilités. "Je dis souvent que du pire arrive le meilleur. Avant cette épidémie de Coronavirus, nous ne pouvions pas répondre aux demandes de personnes d’autres régions et de l’étranger qui voulaient apprendre le breton. Avec l’expérience que nous avons acquise en nous adaptant, nous pouvons maintenant envisager de proposer ce type de formations."Dans les différents centres de formation bretons et les maisons familiales rurales, qui vont tous reprendre petit-à-petit en respectant les mesures sanitaires, c'est aussi la période des inscriptions pour l'année prochaine. "Ce qui nous inquiète, conclut Claudie Malnoë, c’est si les conditions de la reprise en septembre restent les mêmes, notamment sur le nombre de personnes par salle. Nous ne pourrons pas tenir, financièrement, avec un nombre plus limité de stagiaires par formateur."