Au coeur d'une tempête politique depuis une semaine, Laurent Wauquiez a annoncé, dimanche soir, qu'il quittait son poste de président du parti Les Républicains. Réactions des élus proches du mouvement en Bretagne.
"Ma décision ce soir, c'est une décision qui est mûrement réfléchie. J'ai décidé de prendre du recul. Je me retire de mes fonctions de président des Républicains." Une semaine après la déroute de sa formation politique aux élections européennes (8,48%), Laurent Wauquiez a annoncé dimanche 2 juin sa démission du poste de président des Républicains.
En Bretagne, Les Républicains ont totalisé le 26 mai dernier un score encore plus bas (7,83%) qu'au niveau national. Une déculottée alors que l'UMP était arrivée en tête aux Européennes de 2014 avec 18,41% et que François Fillon talonnait Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la Présidentielle en 2017.
Dès dimanche soir, suite à cette décision attendue et face à une position "intenable" pour le parti des Républicains, les réactions des élus bretons ne se sont pas fait attendre.
Des élus LR saluent cette démission "logique" et en appellent au rassemblement
Le sénateur LR du Finistère, Philippe Paul, se félicite de cette démission et en appelle au rassemblement de la droite et du centre : "Laurent Wauquiez a pris une décision courageuse et sage. La situation n'était plus tenable pour lui. Il a su prendre ses responsabilités. Désormais, notre mission est de réunir TOUS les acteurs politiques de la droite et du centre droit afin d'échanger ensemble sur la refondation de notre parti sur les bases qui ont été celles de l'UMP à l'époque, en définissant -d'abord- une ligne politique ! Avec ouverture, modernité et tolérance. Unis on gagne, désunis on perd...Tous ensemble, bien plus de choses nous unissent, que nous séparent".
©France 3 Bretagne
Pour Marc Le Fur, député LR des Côtes d'Armor, "Certains voulaient voir dans la présidence de Laurent Wauquiez la source de tous nos maux. Laurent Wauquiez est parti et les difficultés demeurent". Selon lui, il faut que le parti revienne à ses "fondamentaux" que sont : "tout d'abord, retrouver le sens du collectif, garder notre sang-froid. En politique, c'est toujours dans les épreuves qui se révèlent les caractères". Il faut également : "réaffirmer que nous n'avons pas vocation à être les supplétifs de l'un ou de l'autre des deux partis qui organisent leur opposition frontale. Nous avons vocation à être la voix du Peuple français" et enfin " traiter des préoccupations concrètes des Français. Qui parle aujourd’hui de la hausse importante du prix de l’électricité, qui parle aujourd’hui de la hausse du prix du pétrole ?" interroge le député costarmoricain.
Pour Muriel Jourda, sénatrice LR du Morbihan, "Laurent Wauquiez a pris une décision logique et sage. Il faut travailler à un projet avant tout. Comme l'a proposé récemment Gérard Larcher, le centre doit rester un allié".
Stéphane Sallier Dupin, conseiller régional LR, évoque l'esprit gaulliste : "La démission de Laurent Wauquiez à été très digne. Il faut savoir le reconnaître. Dans les semaines à venir, il faut en finir avec les petites phrases, les punchlines et autre démarche de marketing politique de type "Qu'est ce que vous voulez entendre que je vous le dise" . Il ne faut pas non plus céder à l'esprit de revanche ou aux ressentiments. Nos concitoyens ne le supportent plus et ils ont raison.
Il faut aller au fond des choses avec les Français et les militants du parti. Nous devons faire des propositions concrètes pour les Français. Il faut redonner de l'espoir. Il faut faire la preuve que nous nous intéressons plus à l'avenir de la France qu'à l'avenir de la droite. Je ne me résous pas à une vie politique française sans une proposition d'inspiration gaulliste. Le gaullisme, ce n'est pas s'adapter aux circonstances mais y faire face et ne pas subir".
Pour Maël de Calan, conseiller départemental LR du Finistère et vice-président de "Libres !", le micro parti de Valérie Pécresse (présidente de la région Ile-de-France), cette démission "signe l'échec d'une stratégie" et qualifie Laurent Wauquiez de "Benoît Hamon de la droite".
La démission de @laurentwauquiez signe l’échec d’une stratégie (de repli sur soi), d’une ligne politique (populiste) et d’un style (profondément sectaire). Hélas, le Benoît Hamon de la droite aura entraîné dans sa chute notre famille politique, qui vole aujourd’hui en éclats.
— Maël de Calan (@MaeldeCalan) 2 juin 2019
Certains élus bretons, ex-LR, se posent la question de l'avenir du parti
Ronan Loas, maire de Ploemeur, vice président du conseil départemental du Morbihan, rappelle que sa "prise de recul date de 2017 suite à la victoire de Laurent Wauquiez et de sa ligne conservatrice et identitaire aux élections internes car je n’adhérais absolument pas à la ligne qui était la sienne, clairement exprimée et loin de ses convictions humanistes". Il se pose la question, au-delà de la démission du président LR, de la volonté d'un "courant humaniste et progressiste" au sein du parti : "Sa démission résout-elle la capacité de ce parti à regarder le monde tel qu’il est, et d’y faire vivre un courant humaniste et progressiste ? Je l’avais espéré jusqu’à la primaire en 2016 de la droite et du centre où j’ai soutenu Nathalie Kosciusko Morizet. Les prises de positions de Laurent Wauquiez et de ses soutiens remettant en cause les droits humains comme l’IVG est une ligne rouge franchie. Je n’ai pas attendu que les résultats des élections européennes me dicte ma conduite. Je continue mon engagement local pour ma ville comme un élu local libre, avançant mes idées et mes solutions, sans peur des chefs ni ordre d’un parti politique quelqu’il soit".Stéphane Roudaut, conseiller régional ex-LR, maire de Gouesnou dans le Finistère, parle de "pathétique dénouement" : "La ligne politique et les idées développées portaient déjà, en germe, ce pathétique dénouement. Tout ceci était malheureusement bien prévisible. La France a besoin d’élus qui rassemblent et non qui distillent petites phrases, bons mots et poison. Les résultats électoraux illustrent d’une part, que l’action gouvernementale a trouvé son électorat et d’autre part que l’opposition portée jusqu’ici par LR est tout fait stérile".
Ludovic Jolivet, maire de Quimper, a annoncé vendredi dernier, le 1er juin, quitter Les Républicains pour rejoindre la formation de centre droit "Agir, la droite constructive". Pour lui, le parti est au bord de l'implosion : "la position de Laurent Wauquiez n’était plus tenable. Les Républicains se sont réfugiés derrière des idées faussement conservatrices hors il doit être un parti de gouvernement. Je crois que le mouvement va imploser. Une partie des militants préférera rejoindre RN, l’autre la majorité présidentielle pour soutenir un gouvernement d’union nationale dont la France a besoin".