En avril dernier, Alan Stivell était sur la prestigieuse scène de la salle Pleyel à Paris pour jouer sa Symphonie celtique avec l’Orchestre National de Bretagne. 50 ans après son concert à l’Olympia, le "citoyen du monde de nationalité bretonne" a permis à la musique bretonne de résonner sur toutes les scènes du monde.
C’est ce qu’on appelle avoir de la suite, pas seulement sud armoricaine, dans les idées. Quand il compose la première ébauche de la Symphonie Celtique, Alan Stivell a 14 ans.
"C’était avant le rock, se souvient-il, dans les années 50, l’idée de modernité, en Bretagne, c’était de faire fusionner la musique bretonne avec la musique classique. Il y avait déjà le jazz, mais la musique du vingtième siècle, et puis le rock est arrivé et ça a été quelque chose de fantastique."
Le petit Alan Cochevelou a commencé à faire courir ses doigts sur le prototype de harpe celtique fabriqué par son père. L’instrument avait disparu depuis des siècles. Le petit garçon lui redonne vie. En échange, l’instrument l’entraine dans l’univers celte. Alan apprend la langue bretonne, s’intéresse à l’histoire de la civilisation, des peuples.
Il est encore adolescent quand il monte sur scène et assure la première partie de Line Renaud à l’Olympia. Puis, le rock arrive. Au début des années 60, fonde un groupe "Ar Bleizi Mor," les loups de mer.
En juillet 1970, le jeune Alan qui s’est trouvé un nom de scène, Stivell, la source jaillissante, sort un 45 tours, "Son Ar Chistr," la chanson du cidre. Il s’en vend 10 000 exemplaires en moins de deux mois. L’aventure est partie.
Un Olympia pour lui tout seul
En 1972, Alan Stivell se retrouve numéro Un des Hits parade pendant des semaines. "Tri Martolod "et la "Suite armoricaine" sont diffusées à la radio entre les chansons des Rolling Stones et celles de Johnny Halliday.
La suite sud armoricaine raconte pourtant une drôle d’histoire… Celle d’un jeune homme qui se rend au pardon de Spézet et qui y rencontre une jolie fille. Mais, en plus d’un moment de plaisir, la demoiselle lui offre une maladie honteuse. Le jeune amant doit se rendre à l’hôpital.
"A Marseille, à Saint Etienne, sourit Alan Stivell, les gens chantent" Lalalalaéo", à tue-tête, en songeant qu’il est question de korrigans," sans imaginer un instant les souffrances du garçon amputé pour toujours de sa virilité !
L’album du concert s’arrache. Deux millions de disques sont commercialisés.
Alan Stivell tourne dans toute la France, se produit sur la scène internationale où Il partage l’affiche avec Rod Stewart, Genesis, Status Quo et enchaine les albums et les disques d’or. Cinquante années de musique et de bonheur.
Alan Stivell a entremêlé les sons et les rythmes de la musique celte avec l’électro, la pop et les musiques du monde. "Je fais une musique mondiale dans laquelle on affirme que l’on est toujours breton" affirme-t-il. Je suis un "citoyen du monde de nationalité bretonne".
"Quand j’ai commencé à chanter, c’était surtout pour que les gens se défassent de leurs complexes. Il s’agissait de chanter un répertoire traditionnel que j’arrangeais. Je voulais que les gens prennent conscience que ce sont de belles choses, que cette musique et cette langue sont belles."
Sur scène avec 60 musiciens
Alan Stivell a enregistré la Symphonie celtique en 1979 et l’a jouée dans le stade de Lorient en 1980. La pause imposée par la crise sanitaire lui a donné le temps de la retravailler, de réécrire certains textes.
Sur scène, au Liberté hier soir, et à Paris ce 8 avril, il est accompagné par les 60 musiciens de l’Orchestre National de Bretagne, mais aussi par ses sonneurs.
A 78 ans, quand il prend sa harpe dans ses bras, l’émotion semble toujours intacte.
"C’est une légende, résument ses spectateurs conquis, c’est lui qui a amené la musique bretonne là où elle est."
Une nouvelle tournée est déjà au programme au printemps et à l’automne prochain.