Comme tous les premiers samedis du mois, une centaine de personnes se sont rassemblées pour la désormais traditionnelle marche des envasés. Depuis la construction du barrage de la Rance, les sédiments s’accumulent dans l’estuaire et la vase recouvre les plages. "La Rance est un estuaire, pas une vasière " ont chanté ses riverains.
"Cet endroit, avant, c’était la plage des rennais, constate désappointé David Boixière, le maire de Pleudihen-sur-Rance. La Ville Ger, c’est la première plage entre Rennes et Saint-Malo, c’était du sable fin. Le dimanche, il y avait parfois des milliers de personnes qui venaient se baigner, pique-niquer, passer du bon temps… Mais c’était avant. Aujourd’hui, il n’y a plus de sable. Plus personne ne se baigne."
Sophie Duquenne - Payne, la vice-présidente de Rance Environnement a vite fait de désigner le coupable. L'usine marée motrice. "Depuis la construction du barrage, les marées ont été artificialisées, les temps d’étal sont très longs. Cela a modifié la courantologie, et petit à petit, les sédiments ont commencé à se déposer dans la Rance."
"Des zones entières ne sont plus accessibles, les plages sont couvertes de vase et le chenal n’est presque plus utilisable, regrette une manifestante, cela fait mal au cœur."
Pendant les études, la vase s'accumule
Les marcheurs ont traversé le bourg de la Ville es Nonais en essayant de faire un maximum de bruit dans un maximum de bonne humeur. Tous ont frappé sur des bidons, cogné sur des casseroles et fait résonner les sirènes.
"C’est aussi pour dire qu’il y a urgence explique Xavier Châtelet du collectif des Envasés de la Rance. On demande un plan pérenne de désenvasement. Le conseil scientifique mène des recherches à n’en plus finir et laisse pourrir la situation. A la fin du Plan quinquennal en 2023, on aura dépenser 6 millions d’euros pour pas grand-chose, on aura fait beaucoup d’études, beaucoup de recherches universitaires, mais la vase, elle n’aura pas bougé ! "
"Sur les 250 000 tonnes qui devaient être retirées, seules 17 000 ont été extraites, nous sommes loin des objectifs", confirme Sophie Duquenne - Payne. Et elle s’inquiète : "c’est une vase très lourde qui tue toute la biodiversité. Si ça continue, bientôt, on aura des herbus, on assistera à une poldérisation de l’estuaire et il perdra son caractère maritime. "
Double peine pour les collectivités
Les maires des bords de Rance se sont regroupés en collectif. Ils demandent, eux aussi, la mise en place d’un plan de gestion pérenne et exigent son financement. Au départ, EDF mettait la main à la poche, aujourd’hui, il ne veut plus participer aux frais qu’à hauteur de 50%. 'Pour nous, c’est la double peine, notre environnement s’envase et en plus il faut qu’on paye !' s’indigne David Boixière.
Tous espèrent que les choses bougent. En attendant, les envasés se sont d'ors et déjà donnés rendez-vous le mois prochain !