Les conditions d'accueil au Mont Saint-Michel et leur financement sont épinglés dans deux rapports, l'un de la Cour régionale des comptes (CRC), l'autre du Conseil économique et social régional (CESER), a-t-on appris lundi auprès ces instances.
Les conditions d'accueil au Mont Sain-Michel sont épinglées par deux instances : la Cour régionale des comptes et le Conseil économique et social régional. Elles relèvent notamment "une série de dysfonctionnements et de problèmes qui ressortent de manière récurrente au sujet de l'accueil touristique" sur ce site classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
Navettes surchargées, axes routiers trop encombrés
Le conseil évoque notamment des "navettes surchargées", des "axes routiers régulièrement encombrés", une "qualité des prestations offertes par les commerçants du Mont (restaurants, hébergements, boutiques de souvenirs, musées privés) fréquemment décriée".
Si "des pistes d'amélioration" sont en cours d'étude, "il apparaît que la qualité de la prestation offerte n'est pas à la hauteur de la renommée mondiale du site", résume le CESER, admettant toutefois que le projet de rétablissement du caractère maritime du Mont (RCM) apparaît comme "une réussite esthétique".
Nombre de ces difficultés sont liées au fait que les collectivités locales ont choisi de confier en 2009 la gestion des navettes menant de la côte au mont à une entreprise privée (Transdev, détenue à 70% par la Caisse des dépôts, et à 30% par Veolia), "choix peu judicieux", a estimé une mission interministérielle, souligne le CESER. Ces navettes sont déficitaires. La CRC s'inquiète de son côté d'un "défaut de financement de l'entretien des ouvrages hydrauliques" (barrage) qui est "susceptible de compromettre le fonctionnement du site". Cet entretien est évalué à 2,5 millions d'euros par an.
Car, pour que le mont redevienne une île lors de certaines grandes marées, un barrage a été construit en amont sur le Couesnon, rivière qui enlace le mont. L'eau retenue est lâchée quotidiennement sur le rocher pour le désensabler et permettre à la mer de l'entourer plus souvent. Or, selon le CESER, "l'envasement du Couesnon", lié au barrage, "risque de réduire la puissance des chasses du barrage, et va conduire à répéter le dragage du Couesnon, plus tôt que ce qui était initialement prévu".
Parmi les pistes de financement, la CRC évoque notamment "une participation financière du Centre des monuments nationaux (qui gère l'abbaye, ndlr) qui encaisse annuellement des recettes de l'ordre d'une dizaine de millions" d'euros, mais aussi une augmentation des tarifs du parking du Mont.
L'État a confié en avril au préfet Adolphe Colrat la mission de trouver un modèle économique pour la "première destination touristique en France après Paris" selon le CESER.