L’agence de la biomédecine lance une campagne d’information sur le don de moelle osseuse. Elle souhaite rajeunir et masculiniser les donneurs pour offrir davantage de chances aux malades. "Ce don, c’est une chance, c’est la vie" témoigne Irène. Elle n’oubliera jamais l’instant où le médecin est entré avec une poche de cellules souches pour sa fille. Un jeune homme s’était inscrit sur le registre des donneurs, il lui a redonné vie.
"Au début, on pensait que c’était un simple virus. On était au mois de juin, Léa avait 18 ans, elle préparait son bac, elle était fatiguée se souvient Irène. Et puis, on a plongé dans la maladie. Le virus a attaqué son système immunitaire et la maladie a pris de l’ampleur."
Léa est d'abord transférée à l’hôpital de Saint-Brieuc, puis au CHU de Rennes, et enfin à l’hôpital Saint-Louis à Paris. Ses analyses de sang ne sont pas bonnes, les organes sont touchés les uns après les autres. Léa doit enchainer les cures de chimiothérapie. Son sourire s'efface.
Au mois d’octobre, les médecins ont commencé à parler de greffe de moelle osseuse et à chercher un donneur. Dans une fratrie, il y a, normalement, une chance sur quatre d’être compatible. Le frère de Léa a passé tous les examens. Mais sa compatibilité n'était malheureusement pas suffisante.
Un registre international pour sauver des vies
Les médecins ont alors consulté le registre national des donneurs. Personne n’avait le bon profil HLA. Et puis, sur le registre international, ils ont découvert un jeune allemand de 20 ans.
"Si ce jeune ne s’était pas inscrit sur ce registre… " Irène laisse sa phrase en suspens.
Quelques semaines plus tard, le temps de faire tous les examens et de préparer Léa, le médecin est arrivé en tenant la poche de cellules souches. "C’est comme une transfusion, on attend que le liquide passe et on espère que la vie va repartir" témoigne Irène.
Les cellules osseuses du jeune allemand se sont installées dans le corps de l'adolescente bretonne et se sont multipliées dans son système sanguin. "Ca a été un long combat, difficile, mais qui vaut tellement la peine" soupire sa maman.
"Si tous les jeunes hommes pouvaient s’inscrire" espère-t-elle.
Un don à part
Le don de moelle est un don particulier, l'agence de la biomédecine en est consciente. On s’engage à donner un jour, mais on ne sait pas si ce jour arrivera.
Entre deux personnes prises au hasard dans la rue, les chances d’avoir des cellules compatibles sont de une sur un million. Plus il y aura de volontaires inscrits sur le registre des donneurs, plus les chances de sauver les malades en attente de greffe de moelle osseuse seront nombreuses. "Si l’on est appelé un jour, même des années après son inscription sur le registre, il faut tenir sa promesse, car elle peut sauver une vie," explique Emmanuelle Cortot-Boucher, directrice générale de l’Agence de la biomédecine.
Rajeunir et masculiniser
Aujourd’hui, le registre compte 65% de femmes et 35% d’hommes. Or, les médecins ont constaté qu’une greffe effectuée à partir d’un prélèvement masculin augmente les chances de réussite pour le patient. "Les anticorps développés naturellement par les femmes lors des grossesses complexifient la bonne tolérance du greffon de moelle osseuse pour le malade" détaille l'agence dans son communiqué. Ainsi en France, 70% des donneurs de moelle osseuse prélevés sont des hommes, alors que le registre national compte 64% de femmes.
L’agence de la biomédecine insiste aussi sur l’importance d’avoir des donneurs jeunes. "Leurs greffons sont plus riches en cellules souches hématopoïétiques (cellules sanguines produites par la moelle osseuse), ce qui favorise la prise de greffe. "
L'agence cible les jeunes hommes de 18 à 35 ans. Pour rejoindre le registre, il est nécessaire d'être en parfaite santé et d'être âgé de 18 à 35 ans. Il suffit ensuite de répondre à un questionnaire médical et d'effectuer un prélèvement biologique (échantillon salivaire ou prise de sang ) qui déterminera la carte d’identité biologique du futur donneur.
Cette carte d’identité biologique sera alors intégrée au registre des donneurs volontaires de moelle osseuse, qui est interrogé pour déterminer les compatibilités avec les malades en attente de greffe.
Une lettre pour dire "merci"
Aujourd’hui, la plupart des dons de moelle osseuse se fait par aphérèse. Le donneur va s’asseoir pendant quatre heures dans un fauteuil. On lui installe une aiguille dans le bras et ses cellules sont prélevées tout doucement dans son sang. Quelques jours plus tard, ses cellules se sont régénérées.
"Il ne sent plus rien, mais il a sauvé une vie " raconte Irène.
"Grâce à notre donneur, la vie continue "sourit-elle. Il y a quelques mois, Léa est devenue maman.
"Par le biais de l'agence de la biomédecine, elle a écrit une lettre à son donneur, relate Irène. Comme le don est anonyme, on ne saura jamais qui est ce jeune allemand. Mais Léa voulait lui faire savoir qu'elle allait bien et qu'à son tour elle allait donné la vie. En grande partie, grâce à lui ! "
À fin décembre 2021, 337 832 donneurs étaient enregistrés sur le registre national.
Pour demander son inscription, le site de l'agence de la biomédecine vous attend.