En Bretagne, les femmes sont plus diplômées que les hommes. Pourtant, elles occupent moins souvent des postes de cadres et perçoivent un salaire annuel inférieur de 25% à celui des hommes. Elles quittent aussi le foyer familial bien plus tôt que les garçons. C'est ce que montre une étude de l'Insee
En Bretagne, comme ailleurs en France, il existe de grandes inégalités entre les hommes et les femmes. Commençons par parler des salaires.
Elles sont moins bien payées...
Dans le secteur privé, les femmes ont un salaire net moyen de 17 240 € par an, les hommes de 22 860 €. On peut parler de grand écart.
En fait, ces inégalités commencent à l'embauche. D'après des chiffres de l'Insee de 2017, les jeunes femmes de 18 à 25 ans perçoivent un salaire horaire net moyen inférieur de 4 % à celui de leurs homologues masculins. Cet écart augmente ensuite nettement avec l’âge pour atteindre 23 % parmi les salariés de plus de 50 ans.
Pourquoi ces inégalités ? Parce que les femmes travaillent plus fréquemment dans des secteurs d’activité moins rémunérateurs (comme l’enseignement, la santé ou l’action sociale).
Près de la moitié d’entre elles (46 %) travaillent dans le secteur « administration publique, enseignement, santé et action sociale », comparé à 21 % des hommes. Dans l’autre composante du tertiaire, le secteur « commerce, transports et services divers » regroupe une proportion assez similaire de femmes et d’hommes (respectivement 40 % et 44 %). Les trois autres secteurs se caractérisent par une plus forte présence masculine. Ainsi, seulement 9 % des femmes travaillent dans l’industrie, 2 % dans la construction et 3 % dans l’agriculture (contre respectivement 17 %, 12 % et 6 % des hommes).
De plus, près de 13 % sont en contrat de travail à durée déterminée, comparé à moins de 9 % des hommes. Les femmes connaissent également davantage d’interruptions d’activité, en particulier suite à la naissance d’enfants. Enfin, 30 % d’entre elles exercent leur travail à temps partiel, une proportion quatre fois supérieure à celle des hommes.
... Et pourtant, elles sont plus diplômées
C'est en particulier vrai, en Bretagne, où les filles ont un taux de réussite au bac général supérieur de trois points à celui des garçons. Elles sont nettement majoritaires dans la filière générale (57 %) et pratiquement aussi nombreuses que les garçons dans la filière technologique (48 %). Elles représentent 37 % des élèves préparant un bac professionnel, dont seulement 13 % des effectifs dans les domaines de la production.
Dans la région, parmi la population âgée de 25 à 54 ans, 45 % des femmes sont diplômées de l’enseignement supérieur contre 35 % des hommes.
Mais quand elles ne sont pas diplômées, elles trouvent moins facilement un travail que les hommes
Les Bretonnes présentent un taux de chômage de 6,9 %, légèrement inférieur à celui des hommes (7,1 %). Toutefois, leur participation au marché du travail reste en retrait : la proportion de femmes actives de 25 à 54 ans (91 %) est en deçà de celle des hommes (96 %) et, lorsqu’elles ne sont pas diplômées, seules 59 % exercent un emploi (contre 71 % des hommes dans ce cas).
Cependant, ces chiffres sont plus élevés que pour le reste de la France. Pour l’ensemble de la population féminine du pays âgée de 25 à 54 ans, les Bretonnes affichent un taux d’activité et un taux d’emploi des non diplômées supérieurs, de respectivement 3 et 6 points.
Elles représentent moins d’un quart des cadres dirigeant(e)s des grandes entreprises
Elles occupent aussi moins fréquemment que les hommes des postes de cadres et professions intellectuelles supérieures (6 % contre 9 %). Elles représentent moins d’un quart des cadres dirigeant(e)s des grandes entreprises.
Un tiers des créations d’entreprises individuelles (hors micro-entreprises) est à mettre à l’actif des femmes, avec autant de chances de réussite que celles créées par les hommes. Plus jeunes que les créateurs, ces créatrices sont particulièrement présentes dans les secteurs du commerce, mais aussi de la santé et des services à la personne.
À 25 ans, seules 13 % habitent encore chez leurs parents contre près du double parmi les jeunes Bretons
Les inégalités femmes-hommes observées sur le marché du travail par l'étude l'Insee, vont de pair avec des écarts de situation familiale et de mode de cohabitation. Les jeunes femmes quittent le domicile parental plus tôt. À 25 ans, seules 13 % habitent encore chez leurs parents contre près du double parmi les jeunes Bretons (24 %). Elles accèdent à la parentalité plus rapidement : en moyenne à 30 ans et demi contre près de 33 ans pour les hommes.
Elles sont aussi plus fréquemment à la tête d’une famille monoparentale (plus de 10 % d’entre elles, comparé à moins de 3 % des hommes). En outre, disposant en général de revenus moindres, ces femmes en situation de monoparentalité sont beaucoup moins souvent propriétaires de leur logement (33 %) que les hommes dans la même situation (53 %). Par ailleurs, les femmes vivent plus souvent seules (22 %) que les hommes (17 %), en lien notamment avec leur espérance de vie plus élevée : 85,2 ans contre 78,7 ans.