Gildas en Amérique
L'histoire de notre Tintin des mers commence à 18 ans. Gildas Flahault plaque tout et embarque pour les Antilles. Une première transat' qui en appellera beaucoup d'autres, et lui donnera définitivement le goût du large. Arrivé au Nouveau Monde, il est fasciné par cet espace vierge, cette terre de tous les possibles. Suivant ses rêves de gosse, « les images des gabiers passant le cap Horn, ou des indiens d'Amérique », il baroude en Patagonie puis participe à des expéditions en Antarctique. « La force des éléments a provoqué chez moi un choc généralisé », se souvient-il, l’œil mélancolique. L'idéal romantique de liberté chevillé au corps, il ne pourra plus jamais se passer de ce « regard que rien arrête ».
Peinture en solitaire
La solitude du voyage, il l'a choisie. « Ça n'a rien de triste, ça permet de s'initier, de s'ouvrir, de se mesurer à soi ». Un besoin de liberté, une complète autonomie. Son opportunisme, c'est saisir toute occasion d'aventure. Homme de la mer avant tout, Gildas Flahault échappe aux arcanes du monde de l'art. Il préfère promener ses yeux et ses pinceaux sur les quais, dans les rades, à la recherche de nouvelles histoires à raconter. « Ce qui m'intéresse c'est l'intelligence, car elle est presque toujours synonyme de beauté ». L'art, une manière de fuir la vulgarité du monde moderne, du progrès. La mer, un refuge pour faire d'un monde qu'il maîtrise un univers fantastique.
La Semaine du golfe, voyage sédentaire
« L'aventure est une posture qui se passe volontiers de la géographie ». Et Gildas Flahault la trouve devant chez lui tous les deux ans, l'occasion d'exprimer son amour pour la petite mer. « Le golfe est une école fantastique de l'aboutissement et du rêve. Imaginez, vous doublez Port Navalo et en face, c'est l'Amérique ! ». Fier de participer à la fête, le peintre veut contribuer, par ses lignes et ses couleurs, à « rendre les gens heureux ». Il connaît trop le pouvoir de l'image pour ne pas prendre son rôle à cœur. « Au début je ne fais que flipper, je me dis que j'ai plus rien à dire, que c'est fini. Puis un monde s'ouvre à nouveau, et le travail, le plaisir et l’émerveillement se conjuguent face à ce qui est en train de naître. On ne peut jamais se lasser de ça ». L'artiste se laisse ainsi dériver, et le mouvement qu'il peint l’entraîne à son tour. Les cadres, il préfère les animer et ne pas s'y laisser enfermer, pour rester indéfini, nomade.