Les scientifiques de l'expédition Tara Pacific, en escale à Nouméa, vont appuyer des chercheurs locaux dans leurs travaux sur l'impact des fientes d'oiseaux sur les récifs coralliens.
Partie de Lorient en mai 2016, la goélette Tara, expédition d'une ampleur inédite, ausculte pendant deux ans la biodiversité des récifs coralliens de l'océan Pacifique et a jeté l'ancre mercredi à Nouméa après avoir visité 15 pays et parcouru 50 000 kilomètres.
En Nouvelle-Calédonie, le bateau va se rendre du 30 septembre au 14 octobre dans l'extrême nord sur les récifs d'Entrecasteaux, un site isolé et préservé, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Une abondante population d'oiseaux marins y vit.
L'équipe du Tara embarquera des scientifiques de l'Institut de recherche pour le développement de Nouméa (IRD) et de l'Université de Nouvelle-Calédonie (UNC) pour approfondir notamment l'impact fertilisant de l'azote contenu dans le guano sur le corail.
Impact positif
"Les premiers résultats [collectés lors de précédentes missions, ndlr] montrent un impact positif jusqu'à cent mètres de l'ilot où nichent les oiseaux", a déclaré Claude Payri, chargée de recherche à l'IRD.
"Les coraux qui vivent dans cet environnement immédiat sont en parfaite santé, avec une richesse spécifique très importante", a-t-elle ajouté, précisant que l'hypothèse d'une "résistance au blanchissement devait être étayée par des travaux complémentaires".
L'autre volet de la mission à d'Entrecasteaux a pour objectif de mieux comprendre les chaînes alimentaires et la contamination par des métaux voire des pesticides d'un milieu "quasi-vierge de toute influence humaine".
Îles Chesterfield
Avant d'arriver à Nouméa, la goélette Tara s'était rendue aux îles Chesterfield, situées dans la mer de Corail à environ 550 km au Nord-Ouest de la Grande Terre calédonienne. L'équipe a qualifié ce site "d'unique en termes de diversité et de vivacité du corail et d'une beauté" jamais observée depuis le début de l'expédition.
À l'issue de leur traversée d'Est en Ouest du Pacifique, les scientifiques du Tara s'étaient alarmés début septembre du "blanchissement massif" de la couverture corallienne, atteignant sur certains sites comme aux Samoa jusqu'à 90 % des surfaces.
Ce phénomène, imputé au réchauffement de la température des océans, provoque une expulsion par le corail des algues qui lui donnent sa couleur. La Nouvelle-Calédonie, qui abrite 7% des récifs mondiaux, a été frappée par un épisode brutal de blanchissement en 2016 mais les coraux ont été, selon les experts, "globalement résilients" et la plupart ont récupéré.