Faire avec ou sans le glyphosate, un dilemne pour les agriculteurs

Peut-on remplacer le glyphosate? Le maintien sur le marché du glyphosate, substance active de nombreux herbicides soupçonné d'être cancérigène, sera à nouveau examiné lundi à Bruxelles. Certaines alternatives peinent à émerger.

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L'autorisation de mise sur le marché du glyphosate, le désherbant total le plus utilisé dans le monde, arrive à échéance le 15 décembre. Faut-il proroger cette autorisation pour trois ans, pour cinq ans ou davantage? "Le glyphosate, on ne l'utilise pas car on n'en a pas besoin", tranche Patrick Thomas qui produit 270.000 litres de lait par an avec sa cinquantaine de vaches.

Sur son exploitation de 64 ha dont 85% en prairie, l'agriculteur privilégie "les rotations longues" qui, dit-il, "cassent le cycle des mauvaises herbes": la culture reste la même pendant plusieurs années sur chaque parcelle, par opposition aux rotations courtes classiques. "On n'est pas embêté par les mauvaises herbes annuelles qui sont très peu présentes à cause de la longueur de la rotation", au minimum de cinq ou six ans pour les prairies, qui "laisse respirer la terre et l'enrichisse".

Au-delà des gros consommateurs de glyphosate que sont souvent les céréaliers ou les viticulteurs, son utilisation est ancrée dans les habitudes de nombreux agriculteurs.

A la tête d'un élevage porcin de taille moyenne (200 truies), Didier Lucas, président de la Fdsea des Côtes-d'Armor, pratique la rotation courte sur ses cultures: un an colza, puis blé, maïs et à nouveau colza. "Le colza est la plante qui +salit+ le plus. Mais je fais un seul passage (de glyphosate, ndlr), et avec un dosage inférieur d'au moins 50% à ce qui est préconisé et ça fonctionne", dit-il. "Depuis 20 ans, on n'arrête pas de diminuer le nombre de passages et le dosage", assure l'éleveur. "Je préfère une molécule de synthèse dont on maîtrise les effets (...) Mais c'est vrai que c'est aussi une solution plus facile et moins onéreuse", reconnaît Didier Lucas. "C'est un sujet très compliqué" poursuit-il. "On ne produit pas pour empoisonner les gens. On cherche à faire le produit le plus sain qui soit, abordable pour tout le monde".

Il existe des alternatives 


Au-delà de la modification des pratiques agricoles conventionnelles, des alternatives au glyphosate existent -désherbage manuel, mécanique, thermique, etc. - et sont
déjà utilisées, en particulier par les collectivités où l'usage des phytosanitaires est interdit depuis le début de l'année. D'autres cherchent à obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM), comme le désherbant naturel mis au point par la PME bretonne Osmobio qui a obtenu l'aval de l'Ineris (Institut national de l'environnement industriel et des risques).

Le parcours du combattant


Mais pour cette entreprise de dix salariés, les voies de l'homologation sont pavées d'embûches. "On est une petite société, on n'a pas les moyens de mener les études complémentaires pour déposer un dossier complet à l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire, ndlr) sans savoir exactement ce qui est nécessaire", explique Jacques Le Verger, son fondateur, qui a déjà déposé son brevet dans plusieurs pays.

Après avoir visé le grand public, Osmobio s'est recentré sur les professionnels tels que la SNCF (entretien des voies) ou la Direction des routes. Deux campagnes d'essais ont été effectuées par cette dernière. Et cette expérimentation "a été évaluée positivement", indique la DIRO (Direction des routes de l'Ouest) dans un récent communiqué. Mais elle a suspendu l'expérimentation "dans l'attente d'une autorisation de mise sur le marché du produit". Interrogée par l'AFP, l'Anses a fait savoir qu'elle serait "ravie d'examiner à nouveau le dossier Osmobio", présenté une première fois en 2014. D'autant qu'un dispositif spécifique a été mis récemment en place pour suivre les produits "biocontrôlés", à savoir ceux qui permettent la protection des végétaux par des mécanismes naturels. Mais le chemin est long face à l'efficacité et la popularité du glyphosate, commercialisé depuis les années 1970 par la multinationale Monsanto, tombé depuis dans le domaine public et devenu l'herbicide le plus vendu au monde
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