La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, annonçait ce jeudi que les festivals devront se tenir en configuration assise, avec une limite de 5 000 spectateurs. Si le cadre général est donné, des zones de flou persistent, qui laissent encore de nombreux organisateurs dans l’incertitude.
Les festivals, cet été, pourront bien avoir lieu, mais ils devront se tenir en configuration assise, et ne devront pas accueillir plus de 5 000 spectateurs. Cette mesure, les responsables de 14 grands festivals en France l’ont entendue de la bouche de la ministre de la Culture, Roseline Bachelot, lors d’une réunion en audioconférence organisée ce jeudi 18 février.
Parmi eux, Jérôme Tréhorel, directeur des Vieilles Charrues, se disait soulagé. "On avait peur de ne pas avoir de réponse ce soir. On avait peur aussi qu’il y ait un trait tiré purement et simplement sur les festivals en été. Depuis l’été dernier, on a dit qu’on s’adapterait. Au moins, cet été, ne sera pas silencieux."
"On interdit les festivals debout"
Cet optimisme, Maryline Lair ne le partage pas tout à fait. Directrice du Collectif des festivals en Bretagne, elle prédit l’annulation prochaine de nombreux rendez-vous. "Le format assis convient à un certain type de public, mais pas aux jeunes qui ont envie d’aller danser. Et puis il y a des musiques qui ne s’écoutent pas assis", justifie-t-elle.
Dans l'attente des annonces de la ministre, les organisateurs demandaient "un cadre clair" pour leurs festivals.
De son côté, Yann Le Baraillec, fondateur et directeur du festival Motocultor à Saint-Nolff, est plus tranché encore. "Un festival, c’est debout, avec un camping, des buvettes, des artistes internationaux. Là, on parle de petits concerts, avec des groupes français. En fait, comme l’année dernière, on interdit les festivals cet été."
Quand c'est flou...
Des "zones de flou" persistent, estime Aurélie Hannedouche, responsables des musiques actuelles.
Première de ces incertitudes, la date à partir de laquelle les festivals seront autorisés n’est toujours pas connue. "On parle de festival d’été. Seulement, en Bretagne, il y a beaucoup de festivals au printemps, et pas des moindres. Panoramas qui a déjà décalé, Mythos, Rock’n Solex, pour ceux-là, la réponse n’a pas été formulée", regrette Maryline Lair.
Art Rock, c’est du 20 au 23 mai, et à ce jour, on a aucune idée sur la possibilité de maintenir notre festival à ces dates-là. Cela va dépendre, bien entendu, du contexte sanitaire, mais il va quand même falloir qu’on nous dise assez vite.
Quid des buvettes et de la restauration ?
Autre zone d’ombre, la question de l’autorisation des zones bar et restaurations. "Pour beaucoup d’organisateurs de festivals, un concert, sans la vie qui va autour, ce n’est pas compatible", observe Maryline Lair. Ce que confirme Lizardo Lombardia, le directeur du Festival Interceltique de Lorient. Avec plus de 800 000 visiteurs en 2019, le FIL battait tous les records de fréquentation. "Notre festival ne se concentre pas uniquement dans des lieux clos, autour de la musique. Il se déroule au cœur de la ville, les gens déambulent, profitent des nombreux stands de restauration, de boissons, d’un marché. Si on devait financer notre festival uniquement avec la vente des billets des concerts, ça serait inabordable pour le public", explique-t-il.
Une enveloppe de 30 millions d'euros
Consciente de ces difficultés, Roselyne Bachelot a fait part ce jeudi d’une enveloppe de 30 millions d’euros pour compenser les pertes engendrées par la limitation de la jauge, ou même en cas d’annulation. Insuffisant, considère Carole Meyer, du festival Art Rock. "Il y a 6 000 festivals en France, ça ferait donc en moyenne 5 000 euros par festival, on ira pas loin avec ça."
Enfin, des réunions régulières seront organisées jusqu’au mois de juin, et les mesures pourront être corrigées en fonction de l’évolution de la situation sanitaire. Dans le bon sens, espèrent les organisateurs de festival.