Coup de massue pour de nombreux festivals. Alors que le budget sécurité augmente depuis les attentats, le ministère de l'Intérieur veut faire payer le déploiement des forces de l'ordre.
La circulaire a été publiée en mai dernier par le ministère de l’intérieur juste avant le coup d’envoi de la saison des festivals d’été. Autant dire qu' elle a pris de court de nombreux organisateurs.Le texte prévoit notamment de facturer le déploiement des forces de l’ordre sur ou aux abords des lieux de festivals. L’utilisation de certains types de matériels sont également concernés. Certes, un distinguo est maintenu entre des missions non facturables liés aux risques de menaces terroristes et celles inhérentes à l’organisation des festivals, donc potentiellement remboursables.
Mais les préfectures auront désormais la latitude de facturer le remboursement de presque toutes les missions des forces de l’ordre aux organisateurs de festivals. Pour la grille tarifaire, des critères seront retenus comme la zone géographique (plus un festival est proche d’une grande ville, plus le déploiement de forces de l’ordre est facile), la structure juridique des festivals (association à but lucratif ou pas).
Une sécurité de plus en plus coûteuse
Depuis 3 ans, les attentats changent la donne pour la gestion des grands rassemblements. L’année dernière, le gouvernement a même publié pour les organisateurs de festivals un guide qui entraîne inévitablement des coûts supplémentaires.
À titre d’exemple, depuis le drame du Bataclan, "les Vieilles Charrues", un des plus grands festivals européens en terme de fréquentation, a vu son budget sécurité augmenter de 300 000 euros. Les organisateurs ont choisi de sécuriser au mieux le site en mettant en place un système de vidéo-surveillance, des blocs de béton, des fouilles systématiques désormais réparties sur trous entrées différentes . "Chaque année, une convention nous lie avec l’Etat . Pour notre édition 2018, le forfait gendarmes-pompiers-hôpital nous coûtera 100 000 euros" explique Jérome Tréhorel le directeur du festival.
Un casse tête budgétaire
Particulièrement inquiets, les "petits festivals" encore très dépendants des subventions publiques qui, elles aussi, commencent à se tarir.
"Si on nous demande de payer ce qui était jusqu’ici gratuit, on va tirer la langue , on ne pourra pas assumer ces dépenses. Cela mettra en péril l’avenir du festival" prévient François Floret , le directeur du festival "la Route du Rock" de Saint-Malo, interrogé par Le Huffington Post. En effet, ici le prix de certains billets a déjà augmenté de dix euros. Les petites structures peuvent difficilement rogner sur leurs marges.
"Sur un budget de 1,5 millions d'euros, 5% sont consacrés aux dépenses de sécurité. Les subventions ne représentent que 2 %" souligne Faustine Vasse, directrice de production au festival " Bobital-l'armor à sons" qui démarre ce vendredi dans les Côtes d'Armor.
L’avenir est d’autant plus incertain que le fonds d’urgence alloué au niveau national pour garantir les investissements de sécurité a diminué de moitié en deux ans pour atteindre cette année les 4 millions d’euros.
Surtout , le dispositif ne sera pas reconduit l’année prochaine. "Ce fond d’urgence nous allouait jusqu’ici 80 000 euros. On va le supprimer sous prétexte que l’on est plus en état d’urgence mais d’un autre côté les exigences liés à la sécurité restent les mêmes. C’est assez paradoxal." souligne Jérôme Tréhorel, le directeur des "Vieilles Charrues".