Pourquoi la figure de Youtube, Marie-Solène, "la maitresse part en live", est aujourd'hui en grève

Les syndicats de l'enseignement appellent à la grève ce jeudi. Marie-Solène Letoqueux, connue pour avoir créé sa chaîne Youtube "La maîtresse part en en live" lors du premier confinement, nous a confié son état d'esprit. Cette fois elle part en grève, épuisée par la gestion de l'épidémie de COVID

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Nous vous avons déjà présenté Marie-Solène Letoqueux. Enseignante pour les petits, elle avait fait preuve de beaucoup d'imagination et d'énergie pour maintenir le lien avec ses élèves pendant le confinement en 2020.

Son idée : une classe à distance sur Youtube. "La maîtresse part en live" donnait rendez-vous en ligne pour faire cours, et son audience avait largement dépassé sa classe de l’école maternelle privée de Luitré-Dompierre, en Ille et Vilaine. Des dizaines de milliers d'abonnés en France et dans le monde. 

Aujourd'hui Marie-Solène Letoqueux a changé d'établissement et enseigne toujours dans le secteur de Fougères, et ce jeudi 13 janvier, elle est en grève, en colère et fatiguée.

La maîtresse part en grève

Alors pourquoi la maîtresse part-elle... en grève, cette fois-ci ?

Elles sont deux enseignantes parmi 10 dans l'établissement à avoir fait ce choix. Déjà pour  "affirmer que le privé à son mot à dire et se mobilise aussi".

Et si elles ne sont que deux, c'est "parce qu'on doit garantir un service minimum d'accueil, et dans le privé ce ne sont pas des personnels municipaux qui gèrent mais les collègues", alors difficile de leur faire supporter une charge supplémentaire.

Chers parents, la situation est de plus en plus difficile à gérer

Marie-Solène Letoqueux

Bref, une décision pas simple à prendre.

La directrice était d'accord à partir du moment où les familles avaient des moyens de garde. Marie-Solène a pu le vérifier et seuls deux élèves sans solution seront pris en charge par l'ASEM, l'assistante de la maîtresse.

"On a pesé nos mots pour rédiger le mail, pour impliquer les parents en expliquant que c’est une action pour les enfants".

L'enseignante ne quantifie pas les effets néfastes de la situation sur ses élèves mais son expérience et sa sensibilité lui disent que "les enfants ne sont pas bien , on sent un mal être. Des visages plus fermés même s’ils sont contents de venir à l'école".

Des petits qui ont besoin de la relation avec les autres, mais les enseignants devraient leur interdire de se faire des bisous ou de se toucher ? Une drôle d'autorité, contre-nature et qui attriste la maîtresse comme ses collègues.

 

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Une publication partagée par Marie Solène Letoqueux (@lamaitresseparten_live)

 

Comment désinfecter la pâte à modeler

 

C'est tout un ensemble de bizarreries qui frustrent quotidiennement les enseignants et qui leur minent le moral.

"Sympa l'anglais avec le masque !", et ce n'est qu'un exemple explique Marie-Solène Letoqueux.

"En lecture aussi les élèves parlent dans leur masque, c'est un frein aux apprentissages. Moi, il me faut forcer ma voix et en maternelle j’aimais bien chuchoter" pour rendre vivante une histoire par exemple.

"Des enfants parfois aussi me reprennent parce que j’aurais mal prononcé un mot, c’est un autre effet du masque."

Et ne parlons pas de la désinfection du matériel ! 

 

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Une publication partagée par Marie Solène Letoqueux (@lamaitresseparten_live)

Marie-Solène Letoqueux travaille énormément en ateliers : découpage, jeux de construction et autres travaux manuels.

Mais la pâte à modeler ou bien les kaplas, "comment voulez-vous désinfecter ça", intrroge-t-elle.

Evidemment, personne ne viendra vérifier, mais la question n'est pas là. Le vrai sujet c’est la forte responsabilité que cela fait peser sur ses épaules.

"Qui pour dire c'est bien ou pas, et si j’enlève toutes les activités de manipulation autant faire du distanciel".

 

Fatigués d'être les derniers informés

Aux conditions de travail déjà éprouvantes s'ajoute le sentiment chez les profs d'un manque de considération que confirme Marie-Solène Letoqueux.

"Depuis janvier on est vraiment en colère, fatigués d'être les derniers informés et souvent de façon maladroite. Nous ressentons un manque de considération et de respect de la part du gouvernement", assène l'enseignante, rappelant au passage que le protocole mis en place au sortir des vacances de Noël a été diffusé par Jean-Michel Blanquer "sur un média... payant, inadmissible !"

Sans parler de la pertinence dudit protocole et de ses variations répétées.

"On est fatigué de devoir toujours s'adapter", soupire la maîtresse.

"On pourrait désormais prévenir les parents seulement à la fin de la journée (que leur enfant serait cas contact), alors il peut continuer à contaminer les autres en attendant ?" 

La solution miracle reste à trouver évidemment, mais pour quelqu'un dont la mission est de se tenir "toujours prêt des enfants, alors d’un coup on s'interroge. Ne plus s’approcher de lui ?"

Encore une attitude paradoxale pour un enseignant que d'écarter un élève évidemment et "j’imagine l'effet sûrement stigmatisant que cela produirait pour l'enfant", conclut l'enseignante.

 

Un moment de solidarité

 

Marie-Solène Letoqueux ne présume pas des effets concrets de la grève et des manifestations sur la politique de son ministère.

Elle en espère au moins "un moment de solidarité".

Déjà elle sait qu'elle a le soutien des parents de ses élèves, ils le lui ont exprimé à la sortie des classes.

Alors la maîtresse part en grève mais garde le sourire envers et contre tout.

Grâce au masque inclusif notamment (ndlr transparent) , qu'elle a "dû se procurer personnellement d’abord", précise-t-elle, l'Education Nationale lui en a "enfin" distribué... en décembre.

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