La filière française de la pêche, désormais à l'arrêt en raison des risques liés à l'épidémie de Covid-19 et aux manques de débouchés pour ses produits, a besoin du soutien de l'Etat, a affirmé mercredi le président du Comité régional des pêches de Bretagne, Olivier Le Nézet.
"Je dis à l'Etat Donnez-nous les moyens (...) pour sécuriser au maximum les équipages", a déclaré sur RTL Olivier Le Nézet, président du Comité régional des pêches de Bretagne, une région qui assure la moitié des captures françaises. Outre des masques chirurgicaux, il faut aussi "qu'on puisse avoir accès à des tests avant l'embarquement pour rassurer les marins qui partent en mer", parfois pour plusieurs jours, a-t-il détaillé.
La responsabilité de l'infection d'un membre d'équipage
Pour l'heure, la situation est "extrêmement compliquée sur la façade Manche-Atlantique", selon lui. "Dans les Hauts-de-France presque tous les navires sont à l'arrêt, en Normandie aussi, tandis qu'en Bretagne "quelques navires essaient de braver la contrainte du Covid-19". S'il n'y a "pas d'interdiction d'aller en mer" aujourd'hui, "la vraie problématique c'est une question de responsabilité par rapport à la possibilité d'infection d'un membre de l'équipage d'un navire", a estimé le président du comité des pêches.
Problèmes de débouchés
De plus, avec la fermeture des cantines, des restaurants et des frontières (une partie de la pêche française étant exportée), la filière est en mal de débouchés. On s'est retrouvé du jour au lendemain avec beaucoup de navires qui sont rentrés mais aussi en même temps une demande qui a fléchi durement", ce qui a provoqué un engorgement et un effondrement des prix, a expliqué Olivier Le Nézet. Et dans les grandes surfaces, encore ouvertes, les consommateurs privilégient les denrées qui se conservent, comme les pâtes et les conserves, délaissant les produits frais.
Demande de mécanismes de soutien aux entreprises
Dans une lettre adressé lundi à Emmanuel Macron, l'Union des armateurs à la pêche de France (UAPF) et l'Association nationale des organisations de producteurs (ANOP) ont également fait part de cette situation préoccupante et demandé des "mécanismes de soutien" afin d'assurer la "pérennité" des entreprises concernées, notamment via "un dispositif d'arrêt temporaire".
La situation est également délicate à l'échelle européenne: "aujourd'hui, on a quand même près de 80% de la flotte qui est le long du quai", selon Olivier Le Nézet. "Il faut à tout prix soutenir la flotte, il faut soutenir le premier maillon" à savoir "les criées et les mareyeurs poissonniers et là, potentiellement, on pourra redémarrer ds quelques mois", a-t-il déclaré.