La toute première Zut, ou zone d’urgence temporaire de la fête, ouvrira le 18 juin à Paris. Le principe : permettre à un public réduit de profiter de concerts et d’animations en extérieur. A Brest, les gérants de discothèque proposent la même chose, lassés de leur situation.
"On se sent victimes, discriminés, et oubliés". En quelques mots, Nicolas Cann, gérant et propriétaire de la discothèque Le Hype à Guipavas (Finistère) décrit son désarroi. Son établissement, qui draine d'habitude 40 000 jeunes par an, est désertée depuis près d'un an et demi. Si leurs collègues cafetiers ou restaurateurs vont pouvoir rouvrir le 19 mai leur terrasse, aucun espoir ne se profile d'ici l'été prochain pour les exploitants de discothèque.
Alors Nicolas Cann et d'autres propriétaires de discothèques du pays de Brest, comme Stéphane Gilles, de la Factory et du Baroombar, ou encore Éric Denis-Bosio, de La Chamade, ont pris les choses en main. Ils proposent d'ouvrir un espace musical extérieur, une "Zut", comme zone d’urgence temporaire de la fête. Un concept inspiré de ce qu’il va se faire dès le 18 juin au cœur du parc de La Villette de Paris, et qui devrait suivre dans d’autres métropoles comme Nantes et Lyon. Le principe : créer des espaces extérieurs de fête pour un public restreint, ouverts tout l’été.
Une piste lancée dès décembre 2020
C’est d’ailleurs ce qu’ont proposé les gérants des dix discothèques brestoises à la métropole dès décembre 2020. "On a lancé un pavé dans la marre", explique Nicolas Cann. "On leur a proposé d’être intégrés dans les festivités de l’été, à l’extérieur, mais nous n’avons pas eu de retour."
Stéphane Gilles, gérant de la Factory et du Baroombar à Brest aurait souhaité un meilleur soutien local. "Pour les animations de l’été, la métropole préfère faire appel au secteur associatif, non-marchand, alors que les discothèques pourraient être de véritables partenaires."
La métropole fait d'énormes efforts pour la réouverture des bars et restaurants avec la piétonisation des rues, l'installation des terrasses, des barnums, etc. Il n’y a pas de volonté de faire des efforts pour les discothèques.
"L'année dernière, nous avons trop laisser passer"
La création d’une Zut serait, selon eux, la meilleure façon de réduire le risque de soirées clandestines. Mais surtout de joindre les deux bouts. La situation financière de leur établissement étant très tendue, avec des aides de l'état qui ne compensent pas toujours leurs charges élevées. Pour Le Hype à Guipavas, le manque à gagner est déjà d'un million d'euros.
Les gérants de discothèque à Brest plaident aussi pour une égalité de traitement avec les bars musicaux, ouverts jusqu'à 2 heures du matin dans le Finistère. "Aujourd’hui, la danse est interdite", rappelle Nicolas Cann. "Si l’on constate que les clients dansent dans les bars, nous serons beaucoup plus virulents que l’année dernière où nous avons trop laisser passer." Il assure que des procédures de plainte seront engagées au niveau national et local.