La hausse de la violence dans les clubs de football amateur inquiète, sur le terrain comme du côté des supporters. Comment la quantifier ? Dans quel cadre et pourquoi se manifeste-t-elle ? Éléments de réponse dans le Finistère.
Les entraînements suivent leur cours dans le Finistère et pourtant, le football amateur s'interroge ces derniers temps. Il y a une dizaine de jours, le district n'a désigné aucun arbitre officiel afin de dénoncer un climat général qui se dégrade. Les clubs s'inquiètent de l'augmentation des cas d'incivilités, notamment verbales, entre adversaires et envers les arbitres.
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Sur 13 journées depuis le début de la saison, 237 licenciés ont été sanctionnés : "L'année dernière pour 13 journées, je crois qu'on était à 198, donc ça fait 40 licenciés de plus. Quand on voit le nombre de dossiers qu'on a à gérer et qui augmentent depuis plusieurs saisons, ça montre bien que les incivilités augmentent" témoigne Patrick Chevallier, président de la commission discipline du District 29.
Ces violences se construisent aussi par le prisme du genre
Christèle FraïsséEnseignante-chercheuse en psychologie sociale
Pour Christèle Fraïssé, enseignante-chercheuse en psychologie sociale à l’UBO, "ces violences se construisent aussi par le prisme du genre". Le sport est un lieu d'expression de comportements associés à la virilité auxquels les joueurs essaient de ne pas déroger pour ne pas se retrouver en dehors d'une certaine norme. "C'est un lieu de construction des masculinités, c'est clair, constate la chercheuse. Il y a un certain nombre de sports qui sont vraiment très emblématiques pour notre société et où les sportifs vont avoir une image très importante pour les adultes et pour les jeunes. Ils participent ainsi à une certaine représentation de la masculinité".
Défendre les victimes
Face à cette situation, le district du Finistère souhaite se saisir de ces enjeux et mieux orienter les clubs vers des structures formées pour répondre à ces incivilités. "Jusqu'ici effectivement, on trouve que les réponses ne sont pas suffisantes et qu'il va falloir de plus en plus répondre aux clubs de manière professionnelle, et donc se rapprocher d'associations antiracistes, d'associations concernant les mœurs, pour pouvoir défendre les victimes et apporter une expertise" tient à préciser Luc Tréguer, président de la commission vie des clubs du District 29.
Les publics et institutions laissent aussi moins passer ce type d'agissements. La fédération française de football a même lancé depuis octobre une plateforme d'alerte et de signalement en ligne. Objectif : faciliter l'accompagnement des victimes et favoriser la libération de la parole.
(Avec Maxime Lahuppe)