Agriculture. "C'est une année de merde !" Retard dans les récoltes, humidité... moisson compliquée pour les Bretons

C'est du jamais vu depuis 15 ans. L'été est particulièrement long et humide pour les agriculteurs bretons. Alors que la moisson du blé devrait être terminée depuis des semaines, il reste près de la moitié à récolter. En plus de ce retard, la qualité du blé est également mauvaise.

"Le blé n'a pas germé… C’est déjà bien mais la qualité n’est pas bonne." L'année est pour le moins compliquée pour Emmanuel Donnard, agriculteur dans le Finistère. Déjà inquiets fin juillet sur les retards de moissons, les agriculteurs n’ont pas pu rattraper le temps perdu…"C’est une année de merde !" Son cri du cœur a le mérite d’être clair.

"L’été a été long et humide", détaille Christophe d’Hervé, entrepreneur de travaux agricoles. "La moisson devrait être finie mais il reste encore 40% du travail à faire. Et encore… Il doit pleuvoir vendredi. On va encore perdre deux, trois jours." Aux côtés d’Emmanuel Donnard, ils observent un champ de blé en train d’être moissonné. "Même la paille est de mauvaise qualité. On va la broyer."

Christophe Hervé a encore 5 champs à moissonner. Cette année, il a planté 100 hectares de blé. Du blé que les coopératives achètent avec un taux d'humidité inférieur à 16%. Sous peine de pénalité. Aujourd'hui heureusement, le taux est tout juste à ce niveau.

Blé déclassé pour nourrir le bétail

Contrairement au reste de la France, la Bretagne et la Normandie sont à la peine. La semaine dernière, l’Etablissement national des produits de l'agriculture et de la mer (FranceAgriMer) notait qu’une partie de la moisson de blé tendre a été "contrariée par les pluies estivales". La qualité des récoltes dans les régions côtières de la Manche devant ainsi faire l'objet selon eux d'"une attention particulière".

Le risque est d'avoir des grains trop humides, pas assez chargés en protéines pour faire du pain. Le blé est alors déclassé pour nourrir les animaux plutôt que les humains.

Emmanuel Donnard, utilise déjà son blé pour nourrir les poules de son entreprise. Il devra trouver des compléments alimentaires pour remédier à la mauvaise qualité des grains.

Pas de break pour les agriculteurs

"Normalement on a un break après les moissons, avant d’attaquer les autres gros travaux comme les couverts végétaux à semer, les épandages de lisier ou encore les semis de colza, nous explique Christophe d’Hervé. Une partie de notre personnel devrait être en congé mais on les a gardés sur le pont. La saison est vraiment longue."

Le rythme est haché pour lui et ses équipes. "On ne sait jamais à quelle heure on va commencer à moissonner entre le soleil et l’hydrométrie. Car on peut avoir du soleil mais une hydrométrie élevée. Là, on récolte car le blé part au séchoir mais la qualité est moindre."

"S'il pleut à la Sainte Madeleine, il pleut pendant 6 semaines."

"S'il pleut à la Sainte Madeleine, il pleut pendant 6 semaines." Il a plu le 22 juillet dernier, l'adage prévoit de la pluie jusqu'à début septembre. Pas de quoi remonter le moral des agriculteurs bretons.

Au 7 août, la récolte était achevée à 89% sur l'ensemble de la France (contre 94% en moyenne de 2018 à 2022) mais seulement à 66% en Normandie (contre 85% sur cette moyenne). En Bretagne, la moitié du blé (51%) était récoltée, contre 84% habituellement à la même époque.

Quentin CEZARD avec Chloé Tempéreau et l'AFP

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