Le Finistérien et ancien candidat à la présidentielle PS Benoît Hamon a échoué dimanche à se faire élire député européen. Quelle sera la suite après plus de trente ans de vie politique ?
"Je tirerai les leçons d'un deuxième échec majeur au suffrage universel", avait annoncé Benoît Hamon mercredi dernier. Quatre jours après ces déclarations, voici les résultats du mouvement Génération.s :
Européennes 2019 / Génération.s
- France 3,27%
- Bretagne 5,04%
- Finistère 6,04%
- Brest 6,27%
Dans un communiqué, son parti a promis de "poursuivre (son) engagement", au service d'une "société du partage" et de la "reconstruction et de l'unité de la gauche".
Notre réaction après l'annonce des premiers résultats des élections européennes.https://t.co/MmYwYhVnFu
— Génération.s (@GenerationsMvt) May 26, 2019
Battu à la présidentielle, avec 6,4% des suffrages exprimés, Benoît Hamon avait aussi été éliminé dès le premier tour des législatives de 2017, à Trappes (Yvelines).
Après une campagne présidentielle éprouvante, où nombre de figures du PS lui ont préféré Emmanuel Macron, M. Hamon avait annoncé le 1er juillet 2017 son départ du PS. Il a depuis fondé un nouveau mouvement Génération.s.
Mais pour les Européennes, point de "maison commune de la Gauche"
La campagne des européennes a exacerbé les tensions entre les différentes chapelles d'un espace politique réduit.
Selon l’AFP, EELV a verrouillé sa liste dès le mois de juillet 2018, après l'échec des discussions avec M. Hamon. Ce dernier a tenté en vain ensuite de s'allier à Place publique - les pourparlers ont tourné court en raison de la présence du PS à la table des négociations -, et avec le PCF - pas question pour M. Hamon de s'effacer derrière Ian Brossat.
Agé de 51 ans, Benoît Hamon est jugé"clanique" par certains, il sait cultiver ses réseaux, et a gardé jusqu'à la présidentielle une forte influence sur le Mouvement des jeunes socialistes qu'il avait présidé.
Le natif du Finistère
Natif de Saint-Renan (Finistère), il est le fils d'un père ouvrier devenu ingénieur à l'Arsenal de Brest, et d'une mère secrétaire. Il s'engage en politique à 19 ans, lors des manifestations étudiantes contre le projet de loi Devaquet.
Adhérent à SOS Racisme, puis au PS début 1987, il intègre les cercles rocardiens à Paris. Là, il vit en colocation avec d'autres jeunes socialistes de province, dont Olivier Faure, le premier secrétaire du PS.
Cofondateur du Nouveau Parti socialiste avec Arnaud Montebourg et Vincent Peillon en 2003, il est nommé porte-parole du PS par Martine Aubry en 2008. De 2004 à 2009, il a été député européen, siégeant au groupe socialiste.
Incarnation de la gauche du parti, il est propulsé ministre délégué à l'Économie sociale et solidaire en 2012, puis promu à l'Éducation. En désaccord avec la politique de Manuel Valls, il quittera le gouvernement en août 2014, en même temps qu'Arnaud Montebourg.
Député des Yvelines, il rejoint les frondeurs à l'Assemblée et se démène contre la loi Macron puis la loi El Khomri. Il remporte la primaire du PS en mettant sur la table des idées "disruptives" pour sa famille politique: revenu universel d'existence, lutte contre les perturbateurs endocriniens, taxe robot...
Des idées qui, espère-t-il, lui survivront. "A la fin, il y aura des victoires. Ce n'est peut-être pas moi qui serai sur le devant de la scène. Mais j'aurai tenu le drapeau", affirmait-il à l'AFP fin avril.