Une vaste opération de nettoyage s'est déroulée dans l'anse du Poulmic au large de Lanvéoc en rade de Brest, pour préserver les ressources naturelles qu'elle contient. Cette aire marine protégée abrite en effet du maërl, une algue calcaire très rare, un habitat naturel pour de nombreuses espèces.
La rade de Brest et l’estuaire de l’Aulne abritent des habitats marins exceptionnels, notamment des bancs de maërl. "Le maërl, c'est une algue rouge, calcaire, qui forme des petites boules, avec une particularité, il y a plein de ramifications", explique Agathe Larzillière chargée de mission Natura 2000 pour le Parc naturel régional d'Armorique.
Ici, il est présent en grande quantité, "en bon état, vivant". Agathe Larzillière rappelle qu'en plus, la zone voit aussi la présence du maërl boule, observé uniquement dans la rade, et dans une baie en Irlande.
Le maërl, niche de la biodiversité
Avec ses interstices, cet algue sert d'habitat à 1000 espèces différentes qui "peuvent y vivre, se cacher des prédateurs, se nourrir.". Son rôle s'avère donc vital. "Cela créé une chaîne alimentaire assez complexe, c'est un écosystème à part entière."
On va y trouver beaucoup de larves d'huîtres plates, de pétoncles, de coquilles Saint-Jacques, des espèces majeures pour l'intérêt économique de la rade. La présence de ce maërl en bon état favorise aussi les activités conchylicoles et de pêche.
Le nettoyage du banc de maërl pour mieux le protéger
Pendant quatre jours début mars, une opération de nettoyage a eu lieu dans la rade, dans le cadre d'un projet européen baptisé Life Marha. Les fonds sous-marins réservent de mauvaises surprises, jonchés de déchets, comme des structures métalliques qui servent aux activités de conchyliculture.
"On a identifié 240 macro-structures sous l'eau, certaines sont encore en activité, d'autres sont abandonnées depuis plusieurs années. Il est donc important de les retirer pour limiter leur impact sur le maërl", précise Alain Pibot, chef de projet Life Marha, de l'Office français pour la biodiversité.
Le maërl est un habitat très sensible à l'ombre en particulier. Quand on laisse une structure comme ça, tout le maërl qui est dessous finit par mourir, très rapidement.
Un navire spécialement équipé a permis de treuiller et stocker ces déchets. Des plongeurs spécialisés sont aussi venus prêter main forte. La tâche a été minutieuse, en veillant à ne pas racler les fonds.
Bilan ? 6 à 8 tonnes de déchets ont été extraits des eaux. "Ils vont être recyclés par les recycleurs bretons" rapporte Nazaré Das Neves Bicho, chargée de mission Biodiversité et du projet Life Marha. 50 hectares ont ainsi pu être restaurés. "Il faut continuer à travailler avec le secteur pêche, pour revoir les modes de production, pour concilier activité huaine et préservation de l'environnement."
Un partenariat avec les plongeurs de l'école navale va permettre de renouveler ce genre d'opération cette année. Une réflexion est également en cours, sur le retraits d'épaves.