Depuis près de trente ans, le centre "Point H" assure le suivi médical des migrants arrivés à Brest (Finistère). Quatre médecins y assurent des consultations gratuites pour des patients jetés sur les routes de la migration. Ils alertent sur les conditions de vie délétères de leurs malades.
Avec quatre autres médecins, c'est au "Point H" que Catherine Jézéquel assure le suivi médical des migrants arrivés à Brest. Cette structure, créée en 1988, a reçu depuis le début de l'année 1055 patients, dont 63% sont des migrants.
Lettre ouverte
Lundi 24 juillet, à Brest (Finistère), 35 migrants ont été expulsés d'un squat. Cette évacuation a immédiatement entraîné la réaction du docteur Catherine Jézéquel. Elle a pris sa plume pour dénoncer, dans un courrier rendu public, l'état de santé très dégradé des migrants sans hébergement.
- Dr Catherine Jézéquel, médecin coordinatrice
- Equipe: C.Collinet, J Le Bot, R.Gurgand
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©France 3 Bretagne
"Dans la rue, l'espérance de vie ne dépasse pas 47 ans."
Ils souffrent de pathologies cardiaques, respiratoires, de cancers, ont été récemment opérés pour certains ou sont victimes de stress post-traumatique suite à ce qu'ils ont vécu avant d'arriver en France. Des maladies chroniques sévères qui nécessiteraient un suivi médical régulier... et des conditions d'hébergement décentes. Au lieu de cela, bon nombre de ces migrants, arrivés à Brest, logent dans un squat voire dorment à la rue. Autant dire que de telles conditions de vie aggravent l'état de santé des malades. "Dans la rue, rappelle le Dr Catherine Jézéquel, l'espérance de vie ne dépasse pas 47 ans."
Un nombre croissant de refus
Or depuis quelques mois, assure le médecin coordinateur du Point H, les demandes de mise à l'abri des patients les plus atteints se soldent par un nombre grandissant de refus. « Je fais des certificats que le 115 fait remonter à la DDCS [NDLR: direction départementale de la cohésion sociale], explique Catherine Jézéquel, qui doit donner son accord à la mise à l'abri. Tout dépend du statut du migrant, mais si la DDCS refuse, le 115 ne peut rien faire. On arrive à les faire hospitaliser, mais les temps d'hospitalisation sont de plus en plus courts et il y a beaucoup d'ambulatoire ».
150 enfants, l'an passé
« Je ne veux pas mettre en accusation la DDCS qui a ses contraintes, liées à des choix politiques qu'elle doit appliquer. La DDCS fait avec les moyens qu'elle a ou qu'elle n'a pas. Nous ne pouvons pas communiquer de diagnostics à la DDCS pour appuyer nos demandes de mise à l'abri mais, dans nos certificats, nous mentionnons les pathologies graves, une chirurgie récente ou un traitement lourd. La rue peut favoriser une décompensation grave pouvant engager le pronostic vital ».
Et parmi ces patients à la rue, des familles complètes. L'an passé, le "Point H" a reçu 150 enfants.