170 migrants vivent depuis un an dans un squat, une ancienne maison de retraite à la Poterie, quartier sud de Rennes. Une convention pour l'occupation des lieux, avait été signée avec le propriétaire, le groupe Lamotte, mais elle expire ce lundi 17 juillet, les contraignant au départ.
Ils ont passé plus d'une année dans ce squat, à la Poterie, quartier du sud de Rennes. Ces familles de Mongolie, de Tchéchenie, d'Albanie, du Congo, y ont pris leurs habitudes, établi des repères, ont pu se sont posés, après des vies souvent très cahotiques. Quelque 175 migrants, dont la moitié d'enfants, sont aujourd'hui contraints de quitter ces lieux, ces petits studios, où ils ont pu durant une année poser leurs bagages. Un moment difficile pour tous, car c'est aujourd'hui l'inconnu à nouveau, qui les attend, aucun ne sait en effet où il dormira ce soir.
Réunion entre la préfecture et la ville
Un rassemblement s'est déroulé ce lundi matin sur le site de La Poterie, à l'appel des associations qui les soutiennent, prolongé par une manifestation ce midi place de la mairie. Une délégation d'une vingtaine de membres d'associations est reçue ce lundi après-midi à la mairie de Rennes, à l'occasion d'une rencontre entre la préfecture et la ville pour trouver en urgence des solutions d'hébergements à ces migrants. Des familles, qui pour quelques une, attendaient le résultat de cette réunion sur les marches de l'opéra.
Une opération immobilière sur les lieux
Le groupe immobilier Lamotte, propriétaire des lieux, et qui projette une résidence sénior à cette endroit, avait consenti à cette occupation, suite à une décision du tribunal administratif l'été dernier. Une convention privée avait ainsi été signée entre les associations et le groupe Lamotte pour l’occupation des lieux jusqu’à ce lundi 17 juillet. Les associations tenant à respecter leur engagement, ont donc elles-même organisé le départ des réfugiés, essayant de trouver en amont des solutions de relogement, avec le ville et la préfecture. En vain. Le Préfet souligne ainsi "n’avoir été saisi d'aucune demande d’évacuation de l'immeuble de la Poterie sur le fondement d’une décision judiciaire".
Les négociations avec la ville sont à l'arrêt "du fait des hésitations de la préfecture" selon les associations.
La situation des migrants selon la préfecture
La préfecture dans un communiqué, annonce que "la situation des occupants de l'immeuble de la Poterie sera examinée au cas par cas, en fonction de leur situation administrative, et, le cas échéant, des possibilités d’hébergement". Elle précise encore qu'une "évaluation a fait apparaître que la situation de 75 personnes était actuellement en cours d'examen à divers titres (recours contre un rejet de demande d'asile en cours devant la CNDA ; procédure étranger malade…) ; en revanche, 85 autres étrangers avaient épuisé les recours contre une décision de rejet de leur demande d'asile et n'étaient plus, a priori, susceptibles de bénéficier de l'instruction d'une nouvelle demande d'asile." Pour les 75 migrants dont les dossiers sont en cours d'examen, la préfecture a demandé au groupe Lamotte de ne pas intervenir trop rapidement sur ce site des Jardins de La Poterie, pour pouvoir éventuellement les y reloger.
La situation en Ille-et-Vilaine
La préfecture rappelle encore "que la progression constante des étrangers demandeurs d’asile dans le département entraîne une saturation des capacités actuelles d'hébergement. A titre d’illustration, l’État prend en charge quotidiennement près de 270 nuitées hôtelières, alors qu'en période estivale, celle-ci ne concerne habituellement que 5 à 10 personnes. À ce chiffre, il convient de rajouter les 183 places ouvertes dans les différents Centres d'accueil et d’orientation (CAO), ainsi que celles relevant du Dispositif National de l'Asile 766 ouvertes dans le département. Les dépenses correspondantes représentent près de 10 000 000 euros par an."
Le reportage de Catherine Jauneau et Sandrine Ruaux