Cinq groupes, une quarantaine d'artistes et techniciens, le Vauban bruisse au son des concerts. Sans public, évidemment. Le label Upton Park réalise des captations pour assurer la promo de ses groupes. Une parenthèse qui fait du bien aux musiciens et qui ranime la salle emblématique de Brest.
Les Matmatah ont toujours été chez eux au Vauban, lieu des grands moments du groupe comme la reformation en février 2017. Alors pas étonnant que leur manager Julien Banes, également fondateur du label Upton Park, ait choisi le célèbre cabaret brestois pour organiser quelque chose qui ressemble à un festival... mais sans public, Covid oblige.
Mixité
Pendant quatre jours, du 19 au 21 avril, Upton Park a rassemblé ses artistes (This Is Shit, Cancre, Skopitone Sisko, Grand Palladium, La Battue, Matmatah, José) pour réaliser des captations de concerts, des clips et différents formats.
"Certains d'entre eux ne se connaissaient pas, indique Déborah Amma, du label Upton Park, et on va avoir des mélanges. Un musicien d’un groupe au piano avec un chanteur d’un autre, avec des chœurs différents … On voulait créer cette mixité entre nos groupes, c’était l’occasion de tout réunir". Au final, on se retrouve avec une quarantaine de personnes si l'on additionne les jours.
Cancre (Robin Millasseau, Mathias Millasseau, Klet Beyer) fait partie de l'aventure. Après son premier EP "Face au vent", le groupe en prépare un deuxième ("Etrangler") et a besoin de se faire connaître.
"Là on fait tout ce que le Covid nous empêche de faire, confie Robin, chanteur de Cancre. Ça fait une année, une longue année qu’on ne s’était pas retrouvé dans une salle de concert. On a l’impression de redécouvrir le boulot, les premières heures sont un peu bizarres mais on se réacclimate. C’est l’occasion de faire de l’image pour alimenter les réseaux, chercher des tourneurs, faire tourner la boutique".
Les captations de live s'enchaînent, des modules acoustiques et des clips aussi dans différents endroits du Vauban.
Studio 207
Yurie Hu et Ellie James du groupe La Battue ont tourné une vidéo et n'ont plus voulu repartir. Les voici donc installées dans la chambre "studio" 207. Une occasion inespérée de travailler, de composer.
"Comme ça on fait des ballades sur le port, explique Ellie, on est allé voir la mer, on s’inspire un peu quoi. Yurie a trouvé un refrain sous la douche. Y’a des artistes partout, qui passent dire bonjour, un côté un peu colonie de vacances d’écriture".
Une bouffée d’oxygène dans cette année tellement triste
Au-delà de la salle de concert, l'hôtel a été investi dans ses moindres recoins par les artistes et les techniciens. Une ambiance qui réchauffe le coeur du patron des lieux. Après des heures très difficiles et d'importants problèmes financiers suite à des difficultés à bénéficier des aides du plan Covid, le Vauban semble revivre.
"Une bouffée d’oxygène dans cette année tellement triste, se réjouit Charles Muzy. Voir ce lieu fermé depuis un an sans même un bruit de frigo, et là, le son de la batterie qui monte, le soleil revient dans la maison. Je descends de temps en temps. Dès que j’entends quelque chose qui me plaît j'y vais. Y en a qui ont fait des clips dans les sanitaires, dans ma vieille cave à vin avec les étagères en bois qui datent de la construction, ça va être rigolo".
Rien de grandiose avant 2022
De quoi faire oublier pendant quelques jours un quotidien devenu bien morose. "Tous les grands tourneurs reportent les dates de concerts régulièrement, de 3 mois en 3 mois, constate impuissant Charles Muzy. Moi je n’y crois pas pas avant octobre et sûrement avec un protocole draconien. De toute façon, rien de grandiose avant 2022".