Une dizaine d'enseignants-chercheurs de l'ENSTA, à Brest, prête main forte aux équipes médicales du Centre hospitalier. Et vient de lancer l'impression en 3D de visières de protection.
D'ici la fin de la semaine, l'Ecole nationale supérieure de techniques avancées de Bretagne (ENSTA) espère bien pouvoir produire plusieurs dizaines de visières en plastique... par impression 3D. Objectif : fournir rapidement cet équipement aux personnels soignants du Centre hospitalier de Brest, dans le Finistère. "Cette visière protégera les yeux, le visage et le masque des soignants, indique Arnaud Coatanhay, enseignant-chercheur. Nous travaillons en étroite relation avec les équipes médicales qui vont expérimenter ce dispositif léger".
Une à douze heures d'impression
Avant d'entamer la production, il a tout d'abord fallu trouver suffisamment d'imprimantes 3D. L'ENSTA a donc lancé un appel sur les réseaux sociaux. Et les réponses ont afflué. De particuliers, mais aussi de PME, de l'Université ou encore des écoles d'ingénieurs, telles que l'IMT Atlantique et l'ISEN.
Cette première série d'impressions "va permettre de tester les procédés de fabrication, souligne l'enseignant-chercheur, et surtout d'avoir un retour d'expérience en milieu hospitalier pour ajuster si besoin".
D'une imprimante 3D à l'autre, le temps de fabrication est très variable. Il faudra en moyenne, une à douze heures pour obtenir une visière de qualité. Celle-ci est réalisée à partir de bobines de PLA, un plastique à base d'amidon de maïs, un polymère biodégradable "qui présente l'avantage d'être très courant, pas toxique et accepté en milieu médical".
Le procédé de fabrication est "simple", selon l' ENSTA. Il s'inspire d'un modèle de visière mis au point par une entreprise tchèque : l'imprimante crée un support plastique qui se positionne en bandeau sur la tête, à l'aide d'une bande élastique et de picots sur le devant. "Ensuite, on perce une feuille plastique que l'on fixe sur le bandeau, explique Arnaud Coatanhay. La partie du bas se clipse pour donner de la rigidité à la visière".
Seule l'impression des différentes pièces sera confiée aux propriétaires d'imprimantes 3D investis dans cette première phase. Car l'assemblage doit être précis et la visière, d'une fiabilité à toute épreuve pour les soignants. C'est donc l'équipe de l'ENSTA qui va s'en charger. "Le montage des visières ne pourra pas se faire de manière industrielle, à la fois parce que ce sont des prototypes et du fait du confinement".
Des ventilateurs de réanimation en expérimentation
La collaboration entre cette école supérieure de Brest et l'hôpital ne s'arrêtera pas à la production de visières de protection. L'ENSTA est déjà en train de mettre au point des ventilateurs de réanimation. La phase expérimentale est en cours. "Nous sommes sur un prototype qui pourra être produit avec des moyens simples, note Arnaud Coatanhay. Ces respirateurs seront là pour compléter les systèmes déjà existants au CHRU".
Tout en continuant à donner leurs cours à distance, les enseignants-chercheurs travaillent d'arrache-pied sur ces projets. Ils échangent avec les soignants qui, face à la crise sanitaire du COVID-19, expriment le besoin urgent de renforcer leur protection et les équipements de réanimation.