Les dépanneurs sont venus en nombre pour soutenir leur collègue Dominique Tanguy, convoqué au tribunal ce lundi 30 janvier 2023, pour avoir refusé d'intervenir sur le blocage du dépôt pétrolier de Brest, en mars 2022. Après avoir bloqué deux accès routiers ce matin, ils sont allés assister à l'audience.
Il n’aura pas fallu longtemps pour créer la pagaille sur les deux principaux accès routiers de Brest. Ce 30 janvier vers 10h30, une vingtaine de dépanneuses se sont retrouvées au rond-point de Pen Ar C’hleuz dans le nord de Brest.
Elles y ont mis en place un barrage filtrant, créant ainsi de gros embouteillages. Même scénario au sud de la ville, au niveau du Relecq-Kerhuon où d’autres camions de dépannage se sont donnés rendez-vous.
Les professionnels du dépannage sont venus de toute la Bretagne mais aussi de Vendée et même de la région parisienne pour soutenir leur collègue Dominique Tanguy, convoqué ce lundi, devant le tribunal judiciaire de Brest. "C'est une première dans le monde du dépannage" explique Valérie Tanguy. L’épouse du prévenu ne cache pas sa gratitude envers les collègues mobilisés, et elle estime qu' "à travers cette affaire, c’est la profession dans son ensemble qui est attaquée" .
Les professionnels du bâtiment et des travaux publics sont nos clients
Dominique TanguyPropriétaire de dépanneuses
Domnique Tanguy est poursuivi pour avoir refusé d’intervenir le 17 mars 2022 quand la préfecture du Finistère lui demande d’aller enlever les camions, tracteurs et tractopelles qui bloquent le dépôt pétrolier de Brest.
Ce jour-là, les professionnels du BTP et des travaux publics manifestent contre la flambée des prix du carburant. Le gérant du garage Tanguy, seule entreprise à disposer de dépanneuses pour camions, refuse la mission. "Les professionnels du bâtiment et des travaux publics, ce sont nos clients" argumente-t-il.
Il refuse de payer l'amende proposée par le délégué du procureur
Deux mois plus tard, en mai 2022, Dominique Tanguy est convoqué devant le délégué du procureur. Ce dernier lui propose de payer une amende de 750 euros pour éviter d’aller en correctionnelle. Le gérant du garage Tanguy refuse, en invoquant le même motif.
Sa femme explique : "Nous estimons avoir eu un motif légitime pour refuser les enlèvements. Nous ne voulons pas être condamnés et c’est pourquoi mon mari n’a pas souhaité payer l’amende."
La procureure requiert une amende de 850 euros
Ce lundi 30 janvier, la salle d'audience est pleine à craquer. La position du prévenu n'a pas changé et son avocat plaide la relaxe. Il se réfère à l'article 2215 - 1 quatrième alinéa 9 du code des collectivités territoriales qui autorise la réquisition, s'il y a urgence à rétablir la sécurité et tranquillité publiques et si le préfet n'a pas d'autres moyens qui lui permettent d'atteindre ces objectifs. Or selon le conseil de Dominique Tanguy, "ces deux exigences ne sont pas réunies".
Le garagiste encourait jusqu'à 6 mois d'emprisonnement et 10 000 euros d'amende, mais la procureure de la République de Brest a requis une amende de 850 euros. Le jugement a été mis en délibéré au 27 mars.
Cette décision sera suivie de près par toute la profession car elle pourrait bien faire jurisprudence.
(Avec Catherine Aubaile)