Le téléphérique brestois est à nouveau à l'arrêt, peut-être pour plusieurs semaines. Le maire de Brest somme le constructeur et l'exploitant de résoudre les problèmes techniques "définitivement". Car il est vrai que les élections municipales approchent à grands pas...
Il n'aura fonctionné qu'une dizaine de jours: le téléphérique brestois avait repris du service le 18 mai après deux mois de confinement. Mais très vite, l'exploitant Bibus a constaté que les cabines se mettaient "en crabe" de manière répétée: en clair, elles étaient de travers lors de leur arrivée en station. Ne parvenant pas à les remettre d'équerre, des techniciens sont allés y voir de plus près et ont alors constaté une usure anormale de certaines pièces. Cause ou conséquence de la mise "en crabe"? C'est sans doute l'une des questions auxquelles les techniciens du constructeur suisse Bartholet vont devoir répondre. Ils sont attendus sur site la semaine prochaine.
Mise en demeure
Car le maire PS de Brest, François Cuillandre, s'impatiente: le téléphérique fait partie, avec le réaménagement du plateau des Capucins et la mise en service du tramway, des grands travaux de sa mandature. Ces aménagements, qui ont complètement restructuré la cité du Ponant, sont l'un de ses principaux arguments électoraux, à l'heure où il s'élance dans la course pour un quatrième mandat.
"La collectivité ne peut se satisfaire de cette situation," affirme un communiqué de presse publié par Brest Métropole à cette occasion. Derrière les termes convenus, l'agacement pointe, et c'est bien d'une mise en demeure qu'il s'agit: "La métropole entend à cette occasion que ces problèmes soient réglés définitivement. Il appartient au constructeur, en lien avec l’exploitant, de proposer les solutions techniques pertinentes et de permettre une réouverture au public dans les meilleurs délais."
Le téléphérique brestois: un prototype
Il est vrai que les problèmes techniques rencontrés sont récurrents: ils sont en grande partie dûs à la technologie dite "du saut de mouton à câble", inventée spécialement par Bartholet pour le téléphérique brestois: les cabines, au lieu de se croiser latéralement, passent l'une au-dessus de l'autre. Le câble qui entraîne la cabine supérieure est plus long que celui qui entraîne la cabine inférieure, mais toutes deux doivent malgré tout arriver à destination exactement en même temps, d'où un système complexe de synchronisation via des capteurs. Système qui dysfonctionne régulièrement depuis le début de l'exploitation.
L'opposition demande les expertises
Devant ces déboires, l'opposition à François Cuillandre, incarnée principalement par Bernadette Malgorn, ne manque pas de rappeler qu'elle s'était opposée au projet de téléphérique: "Non seulement je n'étais pas convaincue de l'opportunité d'un tel équipement, mais j'avais aussi averti qu'il n'était pas judicieux de prendre un prototype. Quand vous achetez quelque chose qui existe sur une étagère, vous savez à quoi vous attendre. Mais quand vous achetez un équipement créé pour vous, vous n'avez pas de références," explique la candidate de la droite et du centre à la mairie de Brest, qui précise aussi que lors des précédents incidents de ce type, en 2018, elle avait demandé à la municipalité de lui fournir les expertises réalisées pour déterminer d'où venaient le problème. "Le maire ne m'a rien transmis. Je vais lui redemander de me les fournir. Les experts sont rarement d'accord entre eux, et ils n'ont pas toujours la solution, mais leurs analyses éclairent quand même sur la situation."
Le diagnostic qui sera établi par les techniciens du constructeur, à partir de la semaine prochaine, est donc très attendu. Le téléphérique, lui, ne reprendra peut-être pas du service avant plusieurs semaines...