François Cuillandre maire sortant socialiste, Ronan Pichon EELV, Pierre-Yves Cadalen de la France Insoumise, Bernadette Malgorn sans étiquette et Marc Coatanea LREM font partie des candidats à Brest. Ils ont débattu sur la police municipale, les transports en commun et le stade de foot.
Le débat brestois avait lieu aux Ateliers des Capucins à Brest ce 11 mars. Les candidats invités ont échangé sur 3 thèmes principaux, dont celui de la présence ou non de la Police municipale dans la ville.
La sécurité est un des thèmes forts de cette campagne.
Faut-il une police municipale à Brest ?
Bernadette Malgorn (SE) veut une police municipale armée. La candidate y a réfléchi très sérieusement, le 8 janvier 2015, quand la policière municipale Clarissa Jean-Philippe a été abattue lors des attentats, alors qu‘elle faisait une intervention sur la voie publique. « On doit donner aux fonctionnaires, les moyens de la légitime défense. Une politique sécuritaire ne se résume pas à des moyens. Tant la vidéo protection que la police municipale, ce sont des moyens, mais il faut une politique, des objectifs et quelqu’un qui soit capable de la mettre en œuvre avec d’autres partenaires, comme le procureur, le préfet etc".
Sur ce sujet, Marc Coatanéa (LREM) est proche de Bernadette Malgorn. "Il faut cesser d’être dans un mode passif et naïf. Nous devons utiliser les outils dont nous disposons que sont la police municipale et la vidéo protection, nous en faisons la priorité n°1 de notre mandat."
J’habite dans cette ville, mes enfants aussi, je ne suis pas ignorant de ce qui se passe
De son côté, François Cuillandre estime que la sécurité est d’abord le rôle de l’Etat. "C’est un principe républicain, la police municipale n’est qu’un leurre à mes yeux (…) On propose une brigade de tranquillité dans les transports, là on est dans notre champ de compétences. Je ne connais aucun maire qui ne se préoccupe des problèmes de sécurité, en plus, j’habite dans cette ville, mes enfants aussi, je ne suis pas ignorant de ce qui se passe."
Pour Pierre-Yves Cadalen de la France Insoumise, "la police municipale où elle a été mise en place, n’a jamais servi à rien, elle se substitue aux effectifs de la police nationale", explique-t-il. "Ce que demandent les gens, c’est une présence humaine. Pour cela, nous créerons un service unifié de médiation que nous porterons à une centaine de personnes. Un des problèmes majeurs, ce sont les problèmes d’incivilités. Pour la grande délinquance, c’est une mission de police nationale, il faut renforcer ses effectifs".
Ronan Pichon (EELV) s’accorde également à dire que la police municipale est inutile, d’autant que dit-il, la situation n’est pas plus difficile qu’ailleurs. « Nous souhaitons agir fortement sur la question des violences intrafamiliales. Nous créerons une unité d’accueil, d’accompagnement voire de protection et de mise à l’abri pour pouvoir protéger les personnes les plus en danger (…) Balancer une police municipale, c’est faire la gesticulation. »
Quelle mobilité dans la ville de Brest ?
François Cuillandre souhaite une 2ème ligne de tramway de la gare à l’hôpital de la Cavale Blanche. Le maire sortant maintient sa volonté de créer un ascenseur urbain au port de commerce de Brest.
Ronan Pichon est également favorable à la deuxième ligne de tramway : "Mise à part sur la ligne de tramway, les gens qui ont choix, prennent la voiture, il faut donc développer les transports en commun et le réseau de transports à vélos".
Pierre-Yves Cadalen souhaite la gratuité des transports en commun, "comme à Dunkerque". "C’est possible aussi d’investir dans le réseau, dit-il, même si on opte pour la gratuité. C’est une idée neuve, qui va dans le sens de l’histoire, tout le Luxembourg l’a fait, nous devons être la première métropole à le faire."
Ronan Pichon accuse Pierre-Yves Cadalen de démagogie sur ce sujet, car selon lui, ceux qui ont les moyens d’avoir une voiture, ne prennent pas les transports en commun.
Développer les transports en commun demande de l’argent, nous ne sommes pas au Luxembourg, ici, on est moins riches.
Marc Coatanéa propose un trolley. Il avoue que cette 1ère ligne est une réussite, en terme de tracé et moins en terme de fréquentation. "Il y a 36 000 passagers réalisés contre 45 000 prévus. Nous proposons un trolley nouvelle génération, qui n’a pas besoin d’un contact permanent avec une ligne électrique, car ce sont des véhicules hybrides. A Brest, ce sera 35 km pour moins cher."
Bernadette Malgorn ne souhaite pas faire la 2ème ligne de tramway, mais un bus à haut niveau de service. "La priorité, dit-elle est de faire changer les comportements et desservir les zones qui sont aujourd’hui mal desservies".
Projet de nouveau stade pour remplacer le Stade Francis Le Blé ?
Les POUR
Bernadette Malgorn souhaite que ce projet de nouveau stade voit le jour. "Brest est en Ligue 1, c’est extraordinaire pour l’image de la ville, nous aiderons les porteurs de ce projet".
François Cuillandre est sur la même ligne que l’ancienne préfète, car "le stade Francis Le Blé a vieilli", dit-il. Il estime qu’on ne peut le mettre aux normes. Il pense également que les clubs de foot sont des sociétés privées et ce n’est pas à la collectivité de les financer, ce doit être un projet totalement financé par des fonds privés.
Marc Coatanéa est favorable et soutiendra le projet.
Les CONTRE
Pierre-Yves Cadalen refuse ce nouveau stade, car il souhaite que le Stade reste dans le centre-ville pour qu’il soit populaire. Il craint aussi avec le projet de nouveau stade, l’artificialisation des terres.
Ronan Pichon souhaite aussi préserver les sols, la biodiversité et le climat. "Il est important d’arriver au plus vite au 'zéro artificialisation' des sols. Nous n’avons pas les éléments nécessaires pour avoir une véritable position aujourd’hui. Nous questionnerons la pertinence d’un nouveau stade de foot au Froutven, avec les porteurs du projet et les représentants des supporters."
Lors de ce débat brestois, Jean-Philippe Metgès médecin coordinateur du pôle régional du cancérologie au CHU de Brest était l’invité mystère. Il a lancé une campagne de dons contre le cancer de l’œsophage. Ce médecin est arrivé à Brest le 1er mai 1995 en tant qu’interne et y est resté. "Il y a plein de gens qui innovent, qui se battent pour ce pays de Brest, dit-il aux candidats présents.
On a parfois une impression de Brest bashing, sur le mode, c’est loin etc. Qu’est-ce que vous allez faire pour aider au rayonnement de Brest et à son attrait ?
Marc Coatanéa propose de créer des ambassadeurs dans le sport, le monde éco etc. Ronan Pichon estime qu’il fait d’abord créer des emplois pour que Brest rayonne davantage et notamment dans l’écologie. François Cuillandre veut que Brest soit plus accessible et souhaite rapprocher Brest et Quimper de Paris, tout comme Bernadette Malgorn. Elle propose aussi des bourses de l’innovation pour attirer les meilleurs jeunes chercheurs.
Pierre-Yves Cadalen veut rendre la ville autonome sur le plan énergétique et alimentaire. Il souhaite reconstituer une ceinture maraichère autour de Brest.
A l'issue de ce débat, chaque candidat présent a présenté un objet.
L’objet de Coatanéa a présenté une place de cinéma. "Le cinéma, dit-il où vous pourrez aller demain en toute sécurité, car nous aurons retrouver la sérénité sur l’espace public".
Ronan Pichon a apporté un livre "Abondance et Liberté" de Pierre Charbonnier qui est un ouvrage de réflexion sur la place de l’écologie.
François Cuillandre a apporté une table de bouche de la goélette la Recouvrance, c’est un bouchon fermant les canons, pour éviter que la mer n’y entre, qui "symbolise le lien entre la ville de Brest avec la Marine et la Recouvrance est l’ambassadrice de la ville depuis les fêtes maritimes de 1992".
Pierre-Yves Cadalen présente un ticket de bus pour symboliser la gratuité dans les transports en commun.
Bernadette Malgorn, elle a apporté le livre d’un de ses colistiers Bruno Calvez, "Brest, secret et insolite". "Ca montre l’important que nous donnons à la culture dans notre projet, dit-elle, avec notamment la rénovation complète du Musée des Beaux arts de Brest."
Rappel des candidats en lice
10 listes se sont alignées au départ de ces municipales brestoises. François Cuillandre, (Brest au cœur) maire sortant socialiste brigue un 4ème mandat. Elu depuis 1989 au conseil municipal et maire depuis 18 ans, il a été choisi au terme d’une primaire face à son 1er adjoint. Mis en examen en octobre dans le cadre du dossier judiciaire « Vivre à Brest », il part avec un autre handicap : la gauche n’est pour la première fois pas unie.
En effet, Ronan Pichon, (Brest écologie solidarités) membre d’EELV a rompu la traditionnelle alliance, partant avec l’ UDB, Generation.s et les radicaux de gauche. Sur cette liste figure également, Thierry Fayret, l’ancien 1er adjoint de François Cuillandre, candidat malheureux de la primaire.
A gauche, il faudra aussi compter sur la liste Brest à venir conduite par Pierre-Yves Cadalen de la France Insoumise qui avait été qualifié pour le second tour des législatives en 2017.
Sur son chemin vers un 4ème mandat, François Cuillandre va à nouveau croiser Bernadette Malgorn. La liste, Brest, c’est vous de Bernadette Malgorn est une liste sans étiquette mais présentée comme étant de centre droit. L’ancienne préfète de Bretagne qui a avec elle Nathalie Collovati chef de file de l’UDI ainsi que le soutien du parti chrétien démocrate (Christophe Monnier) part cette fois sans adversaire de son propre camp.
Cependant, elle devra faire avec la liste Marchons pour Brest de Marc Coatanea, investi par LREM. Cet ancien responsable du PS finistérien s’est allié avec le Modem David Guillerm et avec Agir. Jean Charles Larsonneur député finistérien et Pierre Karleskind député européen apparaissent en queue de liste.
Renée Thomaïdis (Vivre en sécurité à Brest) conseillère régionale mène la liste du rassemblement national. Elle a même reçue la visite de Marine Le Pen fin janvier.
Autres listes en présence à Brest :
Brest, imaginons demain, Pascal Olivard, sans étiquette.
Brest ! La liste citoyenne, menée par Emmanuelle Le Pors.
Démocratie communale et laïcité, liste conduite par Roger Calvez, membre du POID, le parti ouvrier indépendant démocratique.
Faire entendre le camp des travailleurs, Rémy Collard, Lutte ouvrière.
Vivre en sécurité à Brest, Renée Thomaïdis, conseillère régionale qui mène la liste du rassemblement national, souffrante n’a pas pu se joindre au débat.
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