Agnès Le Brun, Didier Allain, Jean-Paul Vermot et Jean-Philippe Bapceres, candidats aux prochaines municipales ont participé à un débat, autour des enjeux à Morlaix. Le centre-ville, l'aménagement du port ou encore la liaison haute ville - basse ville ont agité les discussions.
Alors que la ville de Morlaix se situe traditionnellement à gauche, les listes en présence affichent une division alors que certains auraient souhaité s'unir. C'est la première question sur laquelle se sont exprimés les candidats lors du débat, non sans une certaine tension.
Deux listes à gauche, une union fissurée ?
"L'union ne s'est pas faite" regrette Jean-Paul Vermot. Et d'ajouter : "Ce n'est pas la première fois, c'est malheureux mais je crois que nous avons des optiques différentes et qu'il est légitime de présenter chacun sa voix." Alors qu'elle brigue un troisième mandat, la candidate Agnès Le Brun dit "garder le cap." "Morlaix connaît des difficultés et nous les résorbons au fur et à mesure, parce que la démocratie, l'action publique c'est une politique de petit pas."
Jean-Paul Vermot affirme de son côté vouloir "un changement de cap." "Il faut prendre un nouvel élan pour redresser cette ville qui en a besoin." Il cite notamment la perte démographique de Morlaix.
Didier Allain évoque lui aussi des divergences, trop grandes, avec "une impossibilité de fonctionner ensemble." Il concède cependant : "Nous on pense qu'au deuxième tour il faut se réunir." Une proposition a été faite. Toujours sans réponse. Un accord préalable aurait été souhaitable au préalable selon lui.
Jean-Philippe Bapceres a siégé au conseil municipal et connaît toutes les forces en présence. Il se présente seul car, dit-il : "Je ne trouvais plus ma place et un espace d'expression au sein de mon groupe."
Quand nous sommes arrivés en 2008, nous avons trouvé la ville en faillite. Lorsque nous avons constaté que cette ville avait quasiment 20 millions de dettes et qu'en 2004, elle n'était pas capable d'investir 1,2 millions pour le bien-être de sa population, vous imaginez bien que les années nécessaires pour redresser la situation ont été nombreuses. Le deuxième mandat nous a permis de faire ce que nous aurions dû faire lors du premier mandat. Agnès Le Brun
Quel avenir pour le centre-ville ?
"Nul, désert", "Quand on est un habitant, ça manque de beaucoup de choses." Ce sont les mots des citoyens pour décrire leur centre-ville, diffusé dans un reportage présenté aux candidats. Son dynamisme s'étiole malgré la volonté des commerçants de ne rien laisser tomber. Ils sont d'ailleurs réunis en collectif. Leur activité se voit fragilisée par les problématiques de stationnement mais également les nombreuses inondations qui ont des conséquences sur leurs locaux et activités. L'installation de zones commerciales en périphérie représente également une concurrence. 500 logements seraient vides.
Agnès Le Brun affiche d'emblée son désaccord avec ce constat. "Vous ne pouvez pas montrer des images où l'on voit des Morlaisiens, ou pseudo Morlaisien parce que je n'en ai pas reconnu beaucoup dire ce genre de choses" tacle-t-elle à propos des images. Elle évoque surtout le rôle des clients, indispensables pour faire fonctionner le commerce. Pour elle, le centre-ville affiche complet, avec des acquisitions immobilières importantes. Elle évoque aussi la bonne santé de certains commerçants.
Jean-Philippe Bapceres a lui-même été commerçant. Ses conclusions sont pourtant amères : "J'ai vu en 15 ans la ville péricliter. J'ai dû rebondir dans une autre ville pour ne pas faire un dépôt de bilan." Selon lui, il est très dur d'être commerçant à Morlaix aujourd'hui. Il reconnaît que la conjoncture actuelle ne favorise pas les achats. Il propose également un début de solution concernant le stationnement, avec l'instauration de zones bleues.
"À partir du moment où on a une ville agréable, les habitants reviennent en centre-ville" lance Didier Allain. Il élargit la problématique à l'attractivité de Morlaix.
Pour Jean-Paul Vermot, la question du centre-ville et de son dynamisme va de pair avec la démographie, en baisse. "On ne s'en sortira pas en terme de dynamisme commercial si on ne renverse pas la tendance démographique. Il faut investir dans les immeubles vides, les racheter, les rénover, la mairie doit prendre ses responsabilités." "La mixité du logement doit être réelle, dans le centre-ville, des familles, des actifs, des personnes isolées. Il faut une action résolue et rapide."
Jean-Philippe Bapceres va plus loin. "Il faut racheter et rénover les commerces, pour remettre à disposition des nouveaux commerçants et leur louer à prix modique."
L'animation pour permettre l'attractivité, c'est aussi ce que pointe Jean-Philippe Bapceres. "Il faudrait recréer un festival, un événement qui va attirer du monde, des touristes mais aussi des gens qui pourraient venir s'installer."Les chiffres d'affaire se portent mieux quand il y a de l'animation. Jean-Philippe Bapceres
Le port, un atout, à encore plus valoriser
Le débat voit l'intervention d'un invité mystère, ici le chanteur Renan Luce. Il a passé son enfance à Morlaix et reste attaché à son territoire. Pour lui, le port représente un incroyable atout, une chance. Il interroge les candidats sur leur projet pour ce lieu.
Le port fait consensus. Jean-Philippe Bapceres voudrait une réouverture du port aux Morlaisiens jusqu'au viaduc et en faire un parc urbain. Les projets sont nombreux comme celui d'aménager une voie naturelle, justement entre le port le viaduc. Didier Allain rappelle qu'il faut considérer toutes ses idées en gardant en tête l'aspect écologique. "Des traces d'hydrocarbures ont été relevées dans le port, à cause des inondations. Il faut revoir la place des voitures et redonner de la place aux piétons, aux vélos..." Des activités sportives, du sport nautique pourrait encore animer l'endroit.
Jean-Paul Vermot y voit lui aussi une chance. "Il va falloir relier le port à toute la ville" tandis qu'Agnès le Brun évoque une vision encore plus élargie. "Le prochaine étape, c'est en effet un cheminement du musée jusqu'au port, pour en effet réouvrir une partie de la rivière, redonner de l'air à l'eau mais il faut revégétaliser toute cette partie."
Divisions autour de la liaision ville haute, ville basse
Un funiculaire ? Une navette, des bus ? Le funiculaire aussi appelé "ascenseur oblique" est un projet centenaire. Le tunnel a été été creusé mais son développement a tourné court dans les années 30 pour cause de budget. Aujourd'hui, Agnès Le Brun n'y renonce pas. Le tunnel est en bon état, pourquoi ne pas l'utiliser ?
Le budget est estimé à 5 millions d'euros, un budget qui crispe son adversaire Jean-Paul Vermot. "Pour un coût bien moindre, des navettes électroniques pourraient sillonner tous les quartiers et répondre aux problématiques des commerçants". "Là on doit réfléchir à une liaison avec tous les quartiers, il y a deux villes hautes à Morlaix." Agnès Le Brun rétorque qu'il ne faut pas opposer les deux projets : "C'est l'un et l'autre, pas l'un ou l'autre." en soulignant que l'aspect écologique n'est pas négligeable.
Les autres candidats pointent du doigt une opacité sur la question des transports. Didier Allain rappelle qu'il s'agit de la compétence de Morlaix Communauté. Deux études sur un projet d'ascenseur panoramique et sur le funiculaire auraient été commandées. Une seule aurait été réalisée mais ses conclusions n'ont pas été communiquées. Jean-Philippe Bapceres indique qu'il aurait été souhaitable de soumettre plusieurs projets directement aux habitants, en présentant leur coût et que ces derniers choisissent.
Revoir le débat sur les enjeux des municipales à Morlaix, dans son intégralité
Morlaix, en quelques chiffres
- La cinquième ville du département du Finistère
- 14 721 habitants
- 28 % des habitants ont plus de 60 ans
- Un taux de chômage de 8,4 % , supérieur à la moyenne bretonne
- Un morlaisien sur cinq vit sous le seuil de pauvreté
- 99 commerces vides, 283 occupés
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Les listes aux municipales à Morlaix
- Agnès le Brun, liste "Vivons Morlaix !" (Divers droite)- Jean-Philippe Bapceres, liste "Morlaix avec vous" (La République en marche)
- Jean-Paul Vermot, liste "Morlaix ensemble" (Union de la gauche)
- Didier Allain, liste "Morlaix alternative citoyenne la gauche résolument écologiste et solidaire" (Divers gauche)