Sur les plages et le long du littoral, les mégots de cigarettes sont un réel fléau. Leur impact sur l'environnement est désastreux. Chaque mégot contient plus de 4000 substances toxiques qui polluent les sols et les océans. Dans le Finistère, une entreprise développe une solution de recyclage innovante. Elle va même plus loin en organisant de la collecte et de la sensibilisation. Pour la websérie la Houle, rencontre avec Bastien Lucas, à l'origine de cette activité d'économie circulaire.
À chaque opération de nettoyage de mégots organisée sur les plages du monde entier, le mégot est le déchet le plus retrouvé. Outre les particules de plastique qu'il contient, le mégot relâche des milliers de substances chimiques toxiques.
Une cigarette qui finit dans 30% des cas au sol
Bastien Lucas prend conscience de ce fléau il y a plus de 20 ans. Jeune entrepreneur, il se spécialise dans la collecte et le recyclage des déchets administratifs. Il crée aussi l'association Terres Océanes pour ramasser les mégots sur le littoral.
Bastien raconte : "Quand on est fumeur, il est difficile de se débarrasser de cette mauvaise habitude de jeter son mégot. J'ai moi-même fumé pendant quinze ans. Je connais bien cette problématique de se retrouver avec cette cigarette une fois qu'elle a été fumée. Ça sent mauvais, c'est tout petit, on ne sait pas qu'en faire. Généralement, il manque soit des poubelles, soit des cendriers. Très peu de fumeurs ont des cendriers de poche malheureusement. Et donc, la cigarette finit dans 30% des cas au sol."
Généralement, il manque soit des poubelles, soit des cendriers. Très peu de fumeurs ont des cendriers de poche malheureusement.
Bastien Lucas
La réflexion de Bastien est globale. Dans la première structure qu'il monte, il alerte tout d'abord sur ce geste effectué machinalement par le fumeur de jeter son mégot par terre. En parallèle, il cherche à étendre la présence de cendriers et il informe des dangers de ce déchet :
"Il est essentiel d'informer le fumeur des milliers de toxines concentrées dans un mégot. Tout cela se retrouve directement par voie fluviale au sein des océans, ces toxines, étant hydrophiles. Un seul mégot peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau dans les océans ou les rivières."
Un recyclage sans impact sur le milieu
Lorsque son entreprise collecte des "déchets de bureau" un peu partout en Bretagne, il réalise que les mégots de cigarettes représentent une biomasse conséquente dont on ne sait pas se débarrasser autrement que par un passage par l'incinération.
"À partir de 2015, on a réfléchi et on a commencé à jouer aux chimistes. On s'est rendu compte que le filtre qui était un plastique pouvait fondre au contact de la chaleur. Il a ensuite fallu trouver un procédé pour dépolluer le mégot sans avoir d'impact sur le milieu, il fallait donc rester en circuit fermé. Recycler un kilo de mégot de cigarette chez Mégot! diminue à hauteur de 80 % le CO2 qui aurait été émis par un incinérateur. Finalement, on utilise la même chose que dans la nature: on utilise de l'eau pour faire décanter, faire diluer les polluants présents dans la cigarette."
À découvrir dans le portrait de Bastien, la technique de recyclage de mégots réalisé au sein de la structure MéGO! :
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Ne pas stigmatiser le fumeur
Plutôt que la stigmatisation du fumeur, Bastien Lucas a aussi cherché à trouver des solutions pour stopper l'hémorragie de mégots au sol : "Si vous jetez un simple mégot par terre, c'est pas grave, mais le problème, c'est qu'on jette des milliards de mégots par terre. Donc en gros, il faut imaginer des montagnes et des montagnes de mégots. Ces mégots, forcément, sont soit avalés par des petites bestioles sur terre, soit en mer, et vont surtout impacter l'eau."
Si vous jetez un simple mégot par terre, c'est pas grave, mais le problème, c'est qu'on jette des milliards de mégots par terre.
Bastien Lucas
Très peu de fumeurs ont des cendriers de poche. L'idée est ainsi venue à Bastien d'utiliser les mégots recyclés pour fabriquer des cendriers ou du mobilier plastique :
"Depuis quelques années, il y a de plus en plus d'entreprises qui se sont lancées dans cette filière. Je pense qu'à ce jour il doit y avoir au moins quatre sociétés en France qui recyclent les mégots de cigarettes pour la fabrication d'isolants, de divers objets… De notre côté, nous avons choisi de concevoir du mobilier urbain. On s'est dit que cela serait visible plus facilement et que cela constituait un moyen intéressant de sensibilisation. On pose une petite plaque en laiton qui indique que ce mobilier a été fabriqué à partir de tant de mégots de cigarettes".
Le tuto
À défaut de cendrier de poche, si vous n'avez pas de récipient pour jeter un mégot, voici un tuto très simple pour fabriquer un petit cendrier à partir d'une bouteille de plastique :
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Toutes les autres rencontres de Mégane Murgia sont à retrouver régulièrement sur le compte Instagram de France 3 Bretagne, et tous les épisodes de La Houle sont regroupés sur notre plateforme France.tv.