Un couvercle à mettre sur son gobelet, c'est l'une des solutions que proposent plusieurs discothèques à Brest, pour éviter l'usage de drogue ou de médicaments. "Il s'agit de protéger nos clients" explique Pascal Artero. L'association Consentis relativise l'impact de ce genre de dispositif.
Un couvercle opaque, en plastique dur, réutilisable, à mettre sur son gobelet. Pascal Artero, patron de la discothèque "La Suite" à Brest a décidé de se saisir de la question des drogues, notamment celles qui peuvent finir dans les verres. Ces dernières comme le GHB (indolore, incolore) ou d'autres circulent, permettant d'annihiler toute forme de résistance pour la personne qui la reçoit. Conséquences ? Des viols ou des agressions suivis de vols.
Quand on demande à Pascal Artero s'il a déjà été alerté directement à ce sujet il répond : "On a des malaises parfois, avec une prise en charge des secours mais c'est difficile de savoir si c'est directement lié à ce genre d'usage de drogue." Le phénomène bruisse dans les milieux festifs et tous ses acteurs travaillent ensemble selon lui : les discothèques, les festivals de la région, avec des associations.
"Il faut protéger nos clients"
Depuis janvier dernier, ceux qui le souhaitent peuvent, lors de leur commande, demander ce couvercle gratuitement. "Si quelqu'un veut mettre quelque chose dedans, c'est plus compliqué", relève Pascal. Cet outil de prévention voit aussi un autre avantage : finis les débordements des boissons, sur la piste de danse. La prévention sur tous les risques, c'est ce qui l'anime, avec une volonté de protéger ses clients. Un de ses confrères, patron du "One Club" a lui aussi décidé d'opter pour des couvercles, en silicone alimentaire.
Interrogée, Charlotte, étudiante, confirme qu'elle surveille beaucoup son verre lorsqu'elle sort. "Je le garde avec moi et je ne le quitte pas des yeux quand on me sert."
Elle trouve que cette initiative reste intéressante à creuser. "Des projets comme ça peuvent amener à réfléchir sur le sujet, à sensibiliser. Mais le chemin est encore long pour se sentir protégée."Je pense que quelqu'un a déjà essayé de me droguer. J'ai déjà perdu connaissance en une demi-heure après un seul verre. Je me suis retrouvée au sol et je ne me souvenais plus de rien le lendemain.
L'association Consentis lancée il y a deux ans, lutte contre les violences sexuelles en milieu festif.Les initiatives autour des verres et des gobelets, on n'est pas sûr que cela joue sur le sentiment de sécurité des fêtards. L'association "Consentis"
Sa co-présidente, Domitille Raveau se questionne sur l'utilisation de ces couvercles. "Le geste de ces établissements est positif mais ne va pas sans prévention, sans sensibilisation par exemple par le biais de stands pendant les soirées. Cela passe aussi par la formation du personnel de sécurité.
Cela ne réduit pas la charge mentale des potentielles victimes. Parce que si vous voulez quand on est une femme par exemple et que l'on va en soirée, on se demande comment y aller, avec qui, comment se saper, comment rentrer... On peut être victime d'agressions sexuelles sans avoir absorbé de la drogue. La plupart des violences sexuelles ont lieu sans les drogues, plutôt sous l'emprise de l'alcool. Or le couvercle n'empêche pas cette consommation..."