La cour administrative d'appel de Nantes a conforté le préfet du Finistère qui refuse l'octroi d'un titre de séjour à Marc-Olivier Glazaï, ancien joueur du Stade Brestois, victime d'un trafic en 2015.
"Je suis écoeuré, dégoûté. Très déçu. Je ne comprends pas". Dans une vidéo adressée à toutes les personnes qui le soutiennent depuis plusieurs années, le jeune homme peine à masquer une sourde colère. Son rêve de devenir footballeur professionnel s'éloigne, tout comme la perspective de continuer à construire sa vie en France.
Marc-Olivier Glazaï a quitté la Côte d'Ivoire dans le but d'effectuer un essai au Stade Brestois. L'agent faisant office d'intermédiaire s’avérait être un escroc, personne n'attendait "Marco" sur le quai de la gare de Brest. C'était en 2015.
Les structures sociales l'ont alors aidé, ainsi que de nombreuses personnes qui ont croisé le chemin d'un garçon décrit par beaucoup comme "sérieux et méritant". Il a suivi une scolarité normale, puis le soleil a percé dans son aventure lorsque les recruteurs du club, vrais ceux-là, ont repéré ses qualités sportives et l'ont intégré au centre de formation. L'espoir de devenir pro se dessinait.
Rêve brisé
Mais le tacle est venu de la préfecture du Finistère, il y a tout juste un an : titre de séjour refusé et obligation de quitter le territoire (OQTF). "Le Préfet s'est basé sur le fichier Visiabio pour dire que mon client n'était pas mineur quand il est entré sur le territoire français, explique maître Khiat Cohen, l'avocate du jeune footballeur. Mais son faux recruteur avait utilisé un passeport modifié. Par la suite, le consulat de Côte d'Ivoire a bien établi qu'il est né en 2000 et lui a délivré un passeport biométrique à partir d'un acte de naissance. Le tribunal administratif de Rennes l'avait d'ailleurs bien pris en compte en première instance, et voilà que la cour d'appel ressort cet argument ! Je ne comprends pas. Elle revient sur l'identité de mon client et remet en cause un document fourni par le consulat de Côte d'Ivoire".
J'ai le sentiment que tout est bon pour lui refuser un titre de séjour.
En parallèle à cet imbroglio, la question de sa scolarité a été mise en avant. Du moins en première instance, car depuis, Marc-Olivier a obtenu un bac pro tout en s'entraînant quotidiennement au Stade Brestois. "Parfois, je ne dormais pas la nuit pour bosser les cours", dit-il. La cour administrative d'appel de Nantes n'a pas relevé cet argument.
La question de l'intégration
Elle met en cause, en revanche, l'intégration du jeune homme : "les témoignages qu'il produit (…) ne révèlent pas, en dehors du domaine sportif, une insertion particulière à la société française", est-il mentionné dans l'arrêt. Ce que maître Khiat Cohen ne comprend pas : "Nous avons fourni 60 attestations, et pas seulement du club de foot. J'ai rarement vu ça dans mes dossiers. Marc-Olivier a su mobiliser autour de lui et recréer une vraie cellule".
Je voudrais remercier les personnes qui m'ont aidé depuis le début, vraiment. J'ai reçu de l'amour, Marc-Olivier
Alors que son avocate étudie la possibilité d'un pourvoi en cassation, le jeune footballeur, qui a quitté le centre de formation du Stade Brestois, suit des cours à l'université, filière Sciences sanitaires et sociales.
L'avenir reste incertain. Il continue de payer l'escroquerie dont il fut victime.