Exposés à l'amiante, 45 officiers mariniers indemnisés: "Nous voilà enfin reconnus comme des citoyens à part entière"

L'État devra indemniser 45 officiers mariniers finistériens exposés à l'amiante. Le jugement du tribunal administratif de Rennes, rendu en mai dernier, est désormais définitif. Un soulagement pour le président de l'Association des officiers mariniers en retraite du Nord Finistère, Jean-Paul Le Roux.

"Jusqu'au bout, nous n'étions pas tranquilles."

Dans sa maison de Morlaix, Jean-Paul Le Roux se dit soulagé. Le président de l'Association des officiers mariniers en retraite du Nord Finistère se bat depuis plus de deux ans pour que soit reconnu le préjudice d'anxiété des militaires, qui ont été exposés à l'amiante entre 1950 et 2000.



"Carence fautive"



C'est chose faite. En mai 2019, en première instance, le tribunal adminisratif de Rennes a condamné l'État pour carence fautive. L'État n'ayant pas fait appel de sa condamnation, le jugement est définitif depuis le 22 août. "Nous espérions bien que l'État en resterait là mais sans être sûrs de rien", commente Jean-Paul Le Roux.

Une condamnation similaire a eu lieu en 2011 à Marseille, et plus récemment à Nantes, mais c'est une première en Bretagne.
 

"Il n'est pas nécessaire d'avoir été exposé pendant vingt ans pour tomber malade"


Les 45 officiers de la Marine nationale avaient poursuivi l'État pour "préjudice d'anxiété". "Certains, parmi eux, sont malades, souvent des plaques pleurales, d'autres non", précise encore Jean-Paul Le Roux.

Ils seront indemnisés entre 3 000 et 10 000 euros chacun, selon leur durée d'exposition à bord : de moins de cinq ans à plus de vingt ans. "Ce n'est d'ailleurs pas très juste, remarque Jean-Paul le Roux, dans la mesure où il n'est pas nécessaire d'avoir été exposé pendant vingt ans pour tomber malade".
 

"Parce que nous étions militaires, nous n'avions aucune reconnaissance"


N'empêche! Le retraité retient surtout que cette reconnaissance répare une injustice plus grande encore. "Depuis 2011, les juges reconnaissent la faute de l'État pour nos collègues de l'arsenal [civils], qui ont été exposés comme nous à l'amiante. Aujourd'hui, ces civils sont indemnisés sur simple demande à hauteur de 8 000 euros, quelle que soit la durée de leur exposition, et sans avoir à prouver qu'ils l'ont réellement été. Pour nous, parce que nous étions militaires, nous n'avions aucune reconnaissance. Avec ce jugement, nous sommes enfin reconnus comme des citoyens à part entière."
Jean-Paul Le Roux, président de l'association des sus-mariniers retraités du nord Finistère / Reportage : A. Conanec - V. Morzadec


Des milliers de demandes d'indemnisations à venir


Selon Jean-Paul le Roux, l'association est aujourd'hui en mesure de déposer 3 500 nouvelles demandes d'indemnisation rien que pour le Nord-Finistère. Pour présenter un dossier, chaque ancien officier marinier doit recueillir des témoignages pour prouver qu'il a bien été exposé et aussi se soumettre à des examens médicaux. "Une bonne chose, selon Jean-Paul le Roux. Ces examens permettent régulièrement de diagnostiquer une pathologie liée à l'amiante."
 
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