Le procès d'un quinquagénaire pour "meurtre" et "violences habituelles" s'est ouvert ce jeudi 20 juin 2024 devant la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine. L'homme est jugé pour avoir tué sa compagne le 20 août 2020 à Rennes (Ille-et-Vilaine) avec un couteau de cuisine.
L'accusé originaire de Brest (Finistère), âgé aujourd'hui de 57 ans, avait lui-même appelé les secours la nuit du drame : il avait expliqué avoir "planté" sa femme et "attendre sur place" qu'on vienne le chercher.
À l’arrivée des pompiers dans ce petit appartement de l’allée Saint-Gildas, une femme de 40 ans gisait "dans une mare de sang", selon leurs témoignages. Ils tenteront de la réanimer, mais en vain : Aurore K. venait de décéder d’une "hémorragie interne massive par perforation du poumon".
Mais les violences avaient en fait débuté une semaine plus tôt, s'étaient aperçus les enquêteurs : le 12 août 2020, cette ancienne caissière avait avoué à son compagnon avoir entretenu des relations "avec des gars" pendant près de dix ans, entre 2003 et 2013.
"JE SUIS DEVENU FOU"
"Je suis devenu fou", se rappelle aujourd'hui l'accusé : le 12 août 2020, pour interroger sa compagne sur la façon dont il avait été "fait cocu une nouvelle fois", il lui avait donc "mis la tête sous l’eau plusieurs fois", avait tenté de "l’étrangler avec une serviette de bain" et lui avait asséné plusieurs "coups" sur le corps.
Pendant les jours qui avaient suivi, la victime s'était "reposée", certifie aujourd'hui l'accusé. "Malgré son état ?", s'étonne le président de la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine. L'accusé maintient sa version : il aurait continué à boire pendant près d'une semaine, jusqu'au 20 août 2020, où il avait enfoncé en pleine nuit "les 18,5 centimètres" de la lame d'un couteau de cuisine "jusqu'à la garde" dans le ventre de sa compagne...
Mais il n’a en fait aucun "souvenir" de ce "coup de folie". "Je me réveille de ma torpeur, je me rends compte de ce que j’ai fait, et que ça peut être grave", se remémore-t-il aujourd'hui. Reste que, pour ce couple marqué par une addiction commune à l'alcool, les violences ont commencé "dès le début" de la relation, dans un Foyer de jeunes travailleurs (FJT) de Brest
À trois reprises, la justice tentera d’ailleurs de mettre son nez dans ces violences conjugales. Jusqu’en 2016, lorsque cette femme décrite comme "effacée" par ses voisins est retrouvée "défenestrée" depuis le troisième étage de son immeuble, sans qu'on puisse établir formellement la responsabilité de son compagnon. "Elle était sous emprise", concède le directeur d’enquête. Ce sont des "actes de torture", martèle de son côté l’avocate générale. Une version démentie par l'accusé: lui ne reconnait que "deux gifles", mais assure que "jusqu’à la fin, on était très amoureux tous les deux". Experts et témoins vont désormais se succéder à la barre jusqu'au mardi 25 juin 2024, date à laquelle la cour rendra son verdict.